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Sandrine Ghestem : son parcours passionnant de céramiste
Portrait

Sandrine Ghestem : son parcours passionnant de céramiste

Certaines personnes se souviennent toute leur vie du moment exact où leur vocation s’est révélée à eux, c’est le cas de Sandrine Ghestem qui, dès lors qu’elle a mis les mains dans la terre à l’adolescence, a toujours su quoi faire de ses dix doigts !
A.B
8 juillet 1971 : Naissance à Bordeaux
 
1987 : Découverte de la terre
 
Début des années 2000 : Découverte de la cuisson Raku

Avec son accent chantant du Sud-Ouest, l’artiste nous raconte ce premier atelier modelage qui fut le point de départ d’un chemin tout tracé : « Tenir une boule d’argile, laisser opérer la magie de la création, dégager une forme qui deviendra un bol ou tout autre chose, ça a quelque chose de magique ! ». Tout au long de sa vingtaine, Sandrine modèle la terre en guise d’occupation artistique, en parallèle d’un travail alimentaire. « J’ai fait les Beaux-Arts, je me rendais à des cours privés de sculpture, ça a toujours été une activité indispensable, voire viscérale, pour moi, même si elle ne remplissait pas mon assiette », explique-t-elle. Elle expose des bronzes décoratifs, des sculptures qu’elle finit chez un fondeur, en galerie d’art à Paris, avec un attrait particulier pour les corps, d’hommes, de femmes ou de couples. Mais c’est lors d’une visite d’atelier de céramiste que se déploie sous ses yeux ravis une nouvelle technique, originaire du Japon : la cuisson au raku, qui donne aux pièces ouvragées ces craquelures reconnaissables. Lorsque la pièce est sortie du four, à 1 000 degrés, après trois quarts d’heure de cuisson, elle subit un choc thermique, l’émail craquèle tandis que la pièce est déposée dans une bassine remplie de copeaux de bois, la matière va alors s’enflammer. Le potier recouvre la bassine pour étouffer les flammes et c’est la fumée carbone dégagée qui va colorer les craquelures. « J’aime cette part de mystère et d’alchimie lorsque la pièce est incandescente, orange lumineuse, et s’enflamme, s’enthousiasme Sandrine, ainsi que le fait d’accompagner la pièce. C’est moi qui décide des différentes étapes. Contrairement à une cuisson en four classique, on règle la température, on ferme le four, on s’en va et le résultat est homogène. » L’artiste est puriste en la matière, elle aime ne pas contrôler les effets finaux des émaux et préfère de loin l’unicité de créations non reproductibles. Jamais de moule chez elle, un concept antinomique pour celle qui préfère garder la marque des mains à même la matière. Arrivée sur Orléans en 2002, en suivant son époux pour le travail, Sandrine décide alors de se consacrer entièrement à l’activité qui la passionne, au point d’en vivre aujourd’hui. Elle crée des pièces à usages utilitaires ou décoratifs (bijoux, vases, décos de jardin, mugs…) avec un petit faible pour les bols japonais, mais elle prend aussi des commandes spéciales depuis son atelier de La Ferté-Saint-Aubin, à la condition de pouvoir y apposer sa patte, telles que des assiettes à desserts ou un dévidoir à laine. Elle donne occasionnellement des cuissons découvertes.

Forces telluriques

« Mon inspiration me vient de la nature, qui est inépuisable, avance Sandrine, particulièrement du minéral, j’ai eu la chance de visiter les sols d’Islande et je suis revenue comblée d’images de paysages volcaniques. Ce qui est lisse et inerte m’ennuie, j’aime les aspérités, l’inattendu et que ça raconte quelque chose. » Mais l’artiste peut tout aussi bien s’émerveiller devant une fleur de pissenlit ou en écoutant les oiseaux chanter. Sans surprise, sa deuxième passion est le jardinage, axé permaculture : planter une graine et la voir pousser, penser qu’elle pourra la nourrir et fera des graines à son tour est du même acabit qu’observer une pièce enflammée prendre forme sous ses yeux. Elle suit une démarche qui a du sens, dans sa vie sociale comme dans son activité ou son alimentation. Ainsi, la terre qu’elle utilise n’est pas fabriquée par l’Homme mais provient d’une veine qui court de Saint-Amand-en-Puisaye à Jouy-le-Potier, dont le sous-sol contient un gré propre au travail de la céramique. Elle ne travaillerait pas ce qui n’existe pas déjà dans la nature, comme la porcelaine. Quelque qualité druidique se dégage de Sandrine Ghestem, elle qui n’a pas l’intention de lâcher la terre, elle conclut d’ailleurs notre entretien par ces mots : « Merci Gaïa ! »

 

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