Dans son atelier de Jargeau, l’artiste conçoit sans relâche de nouveaux éclairages en verre, laiton, bois, avec ou sans pampille de verre et de plumes, pour sublimer la lumière et en faire le pinceau magique, révélateur de la beauté d’une pièce… Une vraie passion pour cet ancien aide-soignant ayant pendant longtemps travaillé de nuit au service de cardiologie de l’ancienne clinique de la Reine Blanche. « J’ai commencé à m’ennuyer, se souvient Thierry Toutin. J’avais fait le tour de mon métier, et je ressentais de plus en plus le besoin de créer, ayant toujours été bricoleur… »
Un autodidacte
L’idée de créer des lampes le décide à passer un diplôme d’électricien. « Quand j’étais petit déjà, souligne-t-il en souriant, je bricolais beaucoup l’électricité, et je me suis pris pas mal de châtaignes ! Et puis plus grand, je me suis passionné pour le monde de Jules Verne, d’Eiffel, et je faisais beaucoup de Lego, de Mécano aussi. » Thierry Toutin précise : « Je m’installais régulièrement dans l’atelier de mon père. Je me suis donc amusé, en commençant à créer des lampes dans toutes les matières imaginables car je ne me suis jamais imposé une limite. Ni en qualité, ni en noblesse des matériaux. Il fallait simplement à chaque fois tout imaginer, et apprendre comment cela fonctionne. » L’artiste ajoute en plaisantant : « Il est clair que mes premières lampes sont directement parties à la poubelle ! Mais je peux remercier internet et les tutos m’ayant permis de m’auto-former. Et j’ai fini par obtenir des résultats. »
Le réveil de la Maison Lignereux
Un travail méticuleux qu’il exporte rapidement sur tous les continents, puisque ses lampes ont du succès de New York à Dubaï aussi bien qu’à Roland-Garros. Il participe également à de nombreux salons mais c’est à Paris qu’il fait son premier salon « Maison & Objet » et qu’il y rencontre, en 2015, Gonzague Mézin, un passionné en Histoire de l’art, féru d’objets précieux du XVIIIe siècle. « Il souhaitait faire revivre la Maison Lignereux, indique Thierry Toutin, le célèbre établissement de marchand-mercier qui réalisait, à l’époque de Louis XV puis de Louis XVI, les meubles de la royauté ainsi que des objets extraordinaires dont Versailles regorgeait ! » Gonzague Mézin rouvrit en 2016 les portes de cette entreprise d’exception qui datait de 1781, et il confia à Thierry Toutin l’illumination de ses créations artistiques. « Lui, il imagine, explique-t-il, et moi j’illumine ! »
Des créations monumentales
Et le point d’orgue de cette ébullition fut une horloge en porphyre, marbre rare. « Nous avons réussi à fabriquer ce petit monstre de 120 kg, se souvient Thierry Toutin, grâce au savoir-faire du marbrier, avec une façade en bronze façonnée par notre orfèvre. J’y ai introduit un cadran solaire avec des leds invisibles. » Autre création exceptionnelle, présentée lors de la dernière exposition du château de Versailles « Louis XV, la passion d’un roi » : une sculpture monumentale de 6 mètres de large sur 3,50 mètres de haut. Reprenant le bassin de Poséidon, de miroirs et de laiton, cette œuvre surmontée de fontaines en céramique d’où partaient des jaillissements en bronze doré était sublimée par une lumière changeant de couleur. Aujourd’hui Thierry Toutin est aussi chargé, par Gonzague Mézin, de constituer des équipes au savoir-faire spécifique à la création d’objets toujours plus extraordinaires… Côté lampes qu’il réalise en solo, s’est ajoutée l’activité de remise en état d’objets anciens à qui il redonne vie, par la lumière et une mise en scène.
« Je suis heureux d’avoir franchi le pas du changement d’activité, parce qu’aujourd’hui je me sens vivant ! analyse-t-il. J’ai toujours été fasciné par la lumière. Elle m’a réellement porté dans les travaux les plus difficiles, car lorsque vous allumez… le résultat est magique : ça vit, ça s’anime, ça provoque une émotion. Pour moi, tout est dit ! »
