Découvrez l'univers apaisant de Nabil Bada, commerçant du centre-ville d'Orléans | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
|
|
|
Découvrez l’univers apaisant de Nabil Bada, commerçant du centre-ville d’Orléans
Portrait

Découvrez l’univers apaisant de Nabil Bada, commerçant du centre-ville d’Orléans

Nabil Bada est un commerçant du centre-ville d’Orléans. Sa voix posée et son aura chaleureuse invitent à la zénitude, et lorsqu’il évoque les montagnes qui l’ont vu grandir, il semble être sur un tapis volant…
A.B
3 mars : 1979 Naissance à Rabat
 
1999 : Arrivée en France
 
2008, 2010 et 2015 : Naissance de ses enfants

Au Maroc, le jeune Nabil joue dans l’équipe de foot nationale. Un jour, il se rend à Auxerre pour un tournoi invitant toutes les régions de France. C’est là qu’on l’y repère et on l’invite à jouer à Tours. Nabil y signe un contrat d’un an comme joueur professionnel, à tout juste 18 ans. Mais à cause de blessures, il renonce à sa carrière prématurément. « Ma philosophie a toujours été de prendre le pouvoir sur ma vie, je n’ai pas envie que les événements m’éloignent de mes rêves, je suis quelqu’un qui rêve beaucoup… » confie-t-il. Il passe alors son brevet d’État en tant qu’éducateur sportif et devient entraîneur pour le club de Châteauneuf-sur-Loire. Il est aussi animateur jeunesse, notamment à la maison de l’enfance à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Nabil aime se former et transmettre, il décèle le potentiel sous-estimé de nombreux jeunes. En parallèle de ce parcours, il crée son cocon familial. Mais un ingrédient manque à son épanouissement… « J’avais toujours en tête les montagnes de l’Atlas, avoue-t-il. Là où je passais mes étés, à jouer au foot, avec les animaux, là où je vais aussi pour réfléchir et prendre des décisions. »

À la recherche du beau

En 2015, après les attentats du Bataclan, le choc entre la culture arabo-musulmane et la culture franco-chrétienne est si fort qu’il est vital de partager sur ce qui nous relie : la beauté, la création, l’art. Nabil ouvre alors La Caverne Beau & Zine (zine signifiant beau en arabe), un showroom bohème et chic dans laquelle il promeut l’artisanat marocain, en travaillant avec des designers. Créer un pont entre ses deux terres est une évidence pour lui. Après avoir vendu sur les marchés d’artisans en France et fait ses études de marché, il trouve l’emplacement parfait, rue de la Charpenterie. Avec leurs arches et leurs étroites salles, les murs lui rappellent tout de suite l’ambiance de la médina de Marrakech. Faisant face à l’une des plus anciennes églises d’Orléans, la Caverne figure sur le circuit touristique de la ville, une ouverture sur le monde qui n’est pas pour déplaire à son hôte : « Mon papa était berger dans les montagnes de l’Atlas. Lorsqu’il est descendu sur Rabat, il est devenu prof de philo. À table, il y avait toujours beaucoup de discussions, d’échanges, d’ouvertures, qui ont ouvert mon esprit au monde », dit Nabil, reconnaissant. Il n’y pas qu’avec ses clients que ce dernier partage cette mixité, mais aussi avec ses enfants, qu’il a eus avec une compagne française. « Mes trois enfants ont grandi dans cette double culture. À la maison, on mange de la tartiflette aussi bien que du couscous. Le paradoxe est que c’est plutôt leur mère qui fait le couscous, et moi qui cuisine la tartiflette ! » Comme dans les montagnes, le vent apporte le changement et Nabil a besoin de changement pour avancer. Sa boutique va accueillir à compter du 1er mars, et pour deux mois, huit créatrices orléanaises, façon concept store, tandis qu’il ira faire le tri parmi « ses idées pour la suite » au Maroc. Une chose est sûre, Nabil rénove son arrière-boutique pour l’intégrer à l’espace. La solution se trouve peut-être dans les ponts qu’il continue de bâtir, comme entre Sophie et Radia. La première est gérante d’une ferme de chèvres mohair dans le Loiret, la seconde est sa cousine, elle fait des tapis, au Maroc. La rencontre entre les deux femmes a donné naissance à de belles créations uniques, à la croisée des mondes…

Prolongations

Et le foot dans tout ça ? Nabil le pratique toujours, avec son fils Ismaël qui joue en club. La famille a d’ailleurs apprécié la Coupe du monde qui a vu les deux pays s’affronter cette année. « C’est ça qui est beau dans le foot, cette alliance des peuples », avance ce fier papa. Les naissances de ses enfants ont forgé son intérieur et ont eu pour conséquence le changement, c’est là où se niche la vraie richesse. Si vous ne croisez pas Nabil Bada à la boutique, vous pourriez bien le voir courir le long de la Loire pour sa bouffée d’oxygène, surtout s’il fait soleil, ou bien à pied ou à vélo dans le centre-ville, qu’il ne quitte presque pas, en vrai bohème…

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES SIMILAIRES
 

Signaler un commentaire

Enable Notifications Oui Plus tard