Jean-Bernard Mignonneaud : Portrait d'un Major de la Police Nationale engagé dans la prévention auprès de la jeunesse orléanaise | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
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Jean-Bernard Mignonneaud : Portrait d’un Major de la Police Nationale engagé dans la prévention auprès de la jeunesse orléanaise
Portrait

Jean-Bernard Mignonneaud : Portrait d’un Major de la Police Nationale engagé dans la prévention auprès de la jeunesse orléanaise

Bien connu des moins de 18 ans à Orléans, Jean-Bernard Mignonneaud, major de la police nationale, est responsable du service prévention. Il a d’ailleurs reçu en janvier dernier les palmes académiques pour son action auprès de la jeunesse.
G.M
24/08/1968 : Naissance à Angoulême
 
14/12/2017 : Chef de service prévention à la DDSP du Loiret
 
31/01/2023 : Cérémonie de remise des Palmes académiques.

La décoration qu’a reçue Jean-Bernard Mignonneaud en janvier dernier semble amplement méritée lorsque l’on connaît son travail au quotidien : la prévention du harcèlement, du cyber-harcèlement, mais aussi celle des risques liés à Internet et aux réseaux sociaux. En cinq ans, ce major de la police nationale a ainsi rencontré 1 220 classes et 29 028 jeunes de 10 à 18 ans ! Au-delà des chiffres, c’est surtout le déminage de certaines situations souvent inconnues des enseignants et des parents qui est important. Il faut dire que celui que l’on nommait… « Booba X » lorsqu’il œuvrait en section d’intervention sait trop bien, dans sa chair, combien la vie est le bien le plus précieux, connaissant également personnellement le désarroi des parents face à des enfants harcelés.

Si l’habit ne fait pas le moine, la casquette de major remonte cependant, pour lui, à une vocation lointaine. « J’avais 4 ans et j’avais reçu un habit de policier ainsi qu’une moto électrique », se remémore avec tendresse Jean-Bernard Mignonneaud, qui reconnaît en souriant avoir eu un « réveil tardif » pour les études, pour le bac, avec en tête l’entrée dans la police. Ce flash l’emmènera jusqu’au commissariat d’Orléans pour son service militaire en 1989, puis à l’école de police de Châtel-Guyon en 1990. De 1991 à 1995, il usa d’abord son uniforme en région parisienne, au commissariat d’Ivry-sur-Seine, avant de demander sa mutation dans la capitale du Loiret. « J’avais rencontré une Orléanaise… » explique ce Charentais d’origine, qui fit ainsi trois ans d’îlotage à Fleury puis à l’Argonne. Après avoir été grièvement blessé en 2000 alors qu’il œuvrait au sein de la section d’intervention, l’homme partit treize mois comme brigadier de police, chef de centre d’information et de commandement à la préfecture de police de Paris. Un passage éclair avant de revenir en 2002 au commissariat d’Orléans comme brigadier opérateur du centre d’information et de commandement. Jean-Bernard Mignonneaud enfila ensuite une autre casquette, celle de chef de l’unité de circulation routière de janvier 2003 à décembre 2017. Mais surtout le policier passa plusieurs diplômes : référent départemental des commissions de sécurité, référent sûreté, sûreté cybercriminalité, policier formateur anti-drogue… Il obtint même un diplôme, délivré par le Raid, de « négociateur et de désescalade des conflits auprès des élus » ! Entre-temps, il fut nommé major de police à l’échelon exceptionnel. De quoi l’amener, depuis fin 2017, à intervenir dans les classes comme chef du service prévention.

Dans ses missions, Jean-Bernard Mignonneaud sait donc délier les langues des enfants et des adolescents. « Je ne les juge pas », analyse ce policier pour qui la prévention est essentielle face à l’omniprésence des téléphones portables et des réseaux sociaux dès l’école primaire. Il connaît en effet trop bien les risques et les peines encourus par les enfants qui trichent pour avoir un un compte sur la Toile… Un danger, selon lui, beaucoup trop sous-estimé par les parents. « Quand vous mentez sur votre âge pour vous inscrire, c’est un crime fédéral : vous relevez de la loi américaine. On ne peut pas vous protéger », rappelle ce policier qui a déjà vu des parents débarquer avec les images pornographiques reçues par leur fille de 10 ans sur Facebook, alors qu’elle disait en avoir 20… Cette nouvelle génération, Jean-Bernard Mignonneaud a appris à en découvrir les codes, parfois surprenants. « Il n’est pas rare de voir des jeunes filles filmer leur première relation sexuelle et la montrer à leurs copines… » soupire le fonctionnaire. Une captation qui, parfois, leur échappe. Le début de gros soucis en perspective. « Ils n’ont pas conscience de l’impact… » estime le major Mignonneaud.

Oser en parler

Le policier sensibilise également les adolescents au harcèlement. « En novembre 2021, il y a eu trois cas de suicides liés à cette problématique chez des collégiens », fait-il remarquer. À ce genre d’interventions s’ajoute parfois le tour des classes de certains lycées pour expliquer en quoi le déclenchement inutile des alarmes incendie peut avoir des conséquences graves, notamment pour des proches, si les secours sont mobilisés pour rien. Des face-à-face qui permettent de gagner la confiance des jeunes et de leurs parents. Il arrive d’ailleurs que ces derniers viennent lui serrer la pince au détour d’un magasin de bricolage pour le remercier d’avoir permis à leur enfant d’oser parler. Ces palmes-là ne sont pas académiques, mais s’avéreront, à l’avenir, tout aussi utiles…

 

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