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Yvonne Daroussin : Tournez manège !

Yvonne Daroussin : Tournez manège !

Derrière son chapeau d’apicultrice et son tablier, Yvonne Daroussin est certainement l’une des Albijohaniciennes les plus connues de la métropole orléanaise. Et pour cause : après s’être lancée dans le meuble en carton, elle a repris en 2019 Le P’tit Manège du parc Pasteur !
Gaëla Messerli
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Armée de son grand sourire et de sa bonne humeur, trônant sur son carrousel de 1938, Yvonne Daroussin est un véritable personnage. Cette femme au mille vies, qui vit à Saint-Jean-le-Blanc depuis vingt-sept ans, partage aujourd’hui son existence entre « son paradis » albijohannicien dans lequel elle a aménagé avec son deuxième mari et le parc Pasteur, à Orléans. Un bonheur ligérien tout simple pour cette fille de planteur d’hévéas au Vietnam et petite-fille de blanchisseur orléanais. 

Celle qui fait aujourd’hui tourner Le P’tit Manège du parc Pasteur a toujours été créative et manuelle. Après un bac littéraire option arts plastiques et un an passé sur les bancs des Beaux-Arts, Yvonne Daroussin a ensuite travaillé pendant six ans comme libraire. Lorsque son ancien patron a pris sa retraite, elle s’est formée au commerce d’ameublement et de restauration. Une expérience qu’elle a rapidement préféré arrêter… « J’avais du mal à vendre aux gens des choses dont ils n’ont pas besoin », avoue-t-elle. Après plusieurs boulots, Yvonne Daroussin a décidé d’opter pour une reconversion dans la menuiserie avec la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment. Mais une fois sa formation terminée, ce fut un peu la douche froide : « Sans expérience, à 33 ans, et en étant une femme, c’était trop compliqué de m’embaucher… » D’ailleurs, après s’être retourné le pouce « en poussant des planches », Yvonne Daroussin comprit « qu’avec la pression », elle ne pourrait « pas être menuisière en entreprise ». 

Du carton au carrousel

Après un court passage comme métreur qui n’a déclenché chez elle aucune vocation et suite à la naissance de son troisième enfant, l’Albijohanicienne prit alors un congé parental. « Et un jour, en feuilletant les magazines déco de ma belle-sœur, j’ai découvert l’existence des meubles en carton… », raconte Yvonne Daroussin, qui eut alors un coup de foudre pour cette matière aux multiples usages. De quoi lui inspirer la création de l’association Ça Cartoun, en 2006, qui proposa des ateliers de fabrication de meubles en carton (certains se rappellent peut-être encore de ses meubles exposés à la Foirexpo d’Orléans, ndlr). Yvonne Daroussin anima ainsi pendant plusieurs années des ateliers pour la Protection judiciaire des jeunes, mais aussi dans des boutiques de loisirs créatifs. Les années passant, le succès de son initiative s’essouffla malheureusement avec la suppression de certains budgets. Après avoir tenté de participer à des appels à projets et avoir goûté aux joies de l’animation des temps d’activités périscolaires dans les écoles de Saint-Jean-de-Braye et de Saint-Jean-de-la-Ruelle, Yvonne Daroussin eut vent, par le biais d’une amie, qu’Éric Pernin, alors propriétaire du manège du parc Pasteur, comptait vendre son trésor. Pour le prix d’une belle voiture, l’Albijohanicienne devint donc sa propre patronne et encore aujourd’hui, elle se montre ravie de son investissement. Elle a fait le choix d’un travail au grand air, sept jours sur sept, tous les après-midi, pendant neuf mois de l’année. « Je vois chaque jour des enfants et des parents qui sont heureux ! », s’exclame celle qui a béni son activité pendant la morosité des dernières années covidiennes. Au parc Pasteur, elle n’hésite pas à offrir parfois, le soir, un dernier tour de manège aux enfants du parc, juste avant de fermer. Alors que cette activité prenante lui laisse le loisir de dispenser encore quelques (rares) cours de meubles en carton, « Mam’yvonne » fait maintenant partie de cette institution orléanaise qu’est le parc Pasteur. D’ailleurs, lors du prochain festival Un autre monde, qui aura lieu fin août, elle invitera un autre manège ainsi que des musiciens pour enchanter un peu plus le parc. 

Même si le temps ne semble pas avoir de prise sur cette fée, la retraite approche cependant pour Yvonne Daroussin. « Ce sera dans trois ou quatre ans ; je commence un peu à en parler… » répond celle qui cherchera alors un repreneur ou une repreneuse capable de préserver l’esprit du P’tit Manège. Son monde à elle ne se limite pas au caroussel, puisque cette grand-mère profite déjà de ses trois mois de fermeture annuelle pour rejoindre ses petits-enfants dans le sud. Elle sait d’ailleurs déjà ce qui occupera sa future retraite : « Faire le tour des Oasis ! » Pour ceux qui n’ont pas lu Pierre Rabhi, il s’agit d’éco-lieux dans lesquels des collectifs cultivent l’autonomie et le soin du vivant. Yvonne Daroussin s’est déjà bien renseignée : sa première visite sera celle de Tera, à Masquières (Lot-et-Garonne). Aventurière, elle compte découvrir plusieurs Oasis et pourquoi pas s’y établir, si elle arrive d’ici là à convaincre son mari de déménager…

Monnaie locale

En attendant, la patronne du P’tit Manège a d’autres aventures à mener dans la métropole orléanaise : Yvonne Daroussin participe en effet, avec l’association Or-liant, au lancement d’une monnaie locale, la Gabarre. « Nous fonctionnons avec les associations de Tours et de Blois ; ce sera une monnaie ligérienne, explique-t-elle. Une Gabarre sera équivalente à un euro, mais cette monnaie étant locale, elle ne profitera qu’à l’économie du territoire ! » Il sera même peut-être possible d’offrir aux enfants des tours de manège payés en Gabarres. Mais pour l’heure, la musique vient de retentir et le manège commence à tourner. Asseyez-vous les enfants, c’est reparti pour un tour…

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