De la rue, après le départ du « convoi de l’eau », il ne restait que des tags sur le mobilier urbain et
les bornes d’entrée de l’Agence de l’eau ainsi que quelques panneaux et un morceau de grillage arrachés. Le portail qui a été secoué régulièrement par les manifestants tenait encore debout. De quoi faire presque oublier l’animation des heures et des jours précédents. Pourtant pendant trois jours et deux nuits, c’est un véritable campement qui avait élu domicile devant le siège de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, agence sous tutelle du ministère de l’Environnement, qui subventionne les « bassines » décriées par les manifestants.
L’Agence occupée
La surprise est l’une des marques de fabrique du « convoi de l’eau ». En effet, celui-ci a avancé sa venue d’une journée devant l’Agence de l’eau à La Source car il était initialement attendu à Bou. Mais surtout, après un rendez-vous, vendredi matin, avec Thierry Burlot, président du Comité de bassin Loire-Bretagne, puis une rencontre de près de cinq heures avec la préfète du Loiret et coordinatrice du bassin Loire-Bretagne, Sophie Brocas, la délégation d’une quinzaine de représentants du « convoi de l’eau » a décidé de passer la nuit dans l’Agence de l’eau !
Lors de l’entrevue, la préfète du Loiret a proposé de suspendre le chantier de la future « bassine » de Priaires
dans les Deux-Sèvres, le temps de la venue de la mission de Thierry Burlot, le 5 septembre. Si la représentante de
l’État a estimé qu’il était impossible légalement de retirer le droit acquis pour six projets de réserves d’eau, autorisés et financés, elle a proposé néanmoins d’accompagner Thierry Burlot dans sa rencontre avec les porteurs de projets.
Pour les dix autres projets pas encore financés, la préfète a rappelé les exigences de l’Agence pour octroyer ses
financements. « Il s’agit de projets collectifs et locaux, fondés sur des études scientifiques. On est prêt à enrichir ces critères. » Sophie Brocas a également insisté sur la motion du conseil d’administration de l’Agence, votée en juillet, afin de prolonger la mission d’écoute des acteurs du bassin. « C’est un geste républicain mais ils trouvent cela insuffisant ! Il n’y a plus de dialogue, plutôt un ultimatum. J’ai retiré ma proposition », regrettait, vendredi soir, la préfète, préférant laisser la délégation de manifestants partir d’elle-même plutôt que de faire intervenir les forces de police.