60 ans de la cité de l'Herveline : Une exposition captivante des témoignages inoubliables | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
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60 ans de la cité de l’Herveline : Une exposition captivante des témoignages inoubliables

60 ans de la cité de l’Herveline : Une exposition captivante des témoignages inoubliables

Pour les 60 ans de la cité de l’Herveline, la Mairie de Semoy prépare avec l’association 2ID Harkis du Loiret une exposition rassemblant les témoignages de ceux qui y ont vécu entre 1963 et 1978.
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« I l est important de regarder l’His- toire avec ses victoires et ses diffi- cultés mais il ne faut pas oublier », affirme Laurent Baude, maire de Semoy, qui a prévu avec l’association des harkis du Loi- ret de commémorer les 60 ans de la cité de l’Herveline qui fait partie, depuis la mi-mai, des structures ayant accueilli des familles de harkis, ouvrant droit à des indemnités de réparation en raison de conditions de vie jugées indignes. « Reconnaissance ou pas, nous l’aurions organisée », assure Laurent Baude. « Il y a eu un apport de population dans la commune de plus de 400 personnes. Une évolution démographique qui a d’ail- leurs entraîné l’installation d’un préfabri- qué pour l’école », ajoute l’élu. Une stèle rappelle, rue du Pressoir Vert, l’emplace- ment de cette cité SONACOTRA, construite spécialement pour l’accueil de réfugiés de la guerre d’Algérie.

Un ghetto ouvert

Du côté des anciens harkis de la cité de l’Herveline, on se souvient de conditions de vie spartiates. « Il s’agissait de baraque- ments avec un seul poêle, dans lesquels on s’entassait tous. L’hiver, les carreaux étaient gelés et il n’y avait que de l’eau froide », se souvient Ahmed Balah, arrivé à l’âge de 9 ans, en 1967, dans ce camp ouvert qui abri- tait déjà ses grands-parents. Même s’il ad- met que l’Herveline n’avait rien à voir avec le camp de Rivesaltes, « nous étions iso- lés, près de la forêt et de l’hôpital psychia- trique. La police ne venait presque jamais. Il y avait un climat de méfiance et de vio- lence ». Il faut dire qu’un an avant l’arrivée de la famille Balah, un meurtre y avait eu lieu. « On n’a pas cherché à nous intégrer, on nous a livrés à nous-mêmes. Nous n’étions pas considérés comme des rapatriés mais comme des indigènes », raconte ce menui- sier qui a réussi à faire son apprentissage et à être embauché dans une entreprise lo- cale. « Moi, je me réfugiais dans la forêt et mon frère dans les études, c’est ce qui nous a sauvés. Ma famille ne s’en est pas trop mal sortie mais c’est grâce à notre père et il a fallu se battre ! Pour que mon grand frère puisse poursuivre des études en 6e générale, c’est l’ancien maire de Semoy, professeur de maths, qui a été obligé d’intervenir. Tous n’ont pas eu cette chance », poursuit celui qui a été confronté au racisme et passé à ta- bac par des policiers à l’âge de 16 ans. Selon lui, certaines familles ont sombré dans l’al- cool et la dépression. « Il y a une femme dont tous les enfants ont été placés et qui est ren- trée, seule, en Algérie. On lui avait fait croire que sa dernière fille était morte à l’accouche- ment. Cette enfant l’a découvert en 2007… » ajoute ce sexagénaire qui estime que les indemnisations arrivent avec soixante ans de retard mais qu’il est nécessaire de sauve- garder la mémoire de l’Herveline « pour nos parents ».

 

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