Karl Matthias Wantzen : l'enseignant-chercheur de l'université de Tours à l'origine d'un ouvrage magistral publié par l'UNESCO | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
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Karl Matthias Wantzen : l’enseignant-chercheur de l’université de Tours à l’origine d’un ouvrage magistral publié par l’UNESCO
Portrait

Karl Matthias Wantzen : l’enseignant-chercheur de l’université de Tours à l’origine d’un ouvrage magistral publié par l’UNESCO

Cet enseignant-chercheur à l’université de Tours a coordonné un ouvrage magistral, River Culture, impliquant 120 chercheurs de 24 pays différents publié par l’UNESCO ! Y est exposée une approche multidisciplinaire, de la biologie à la physique en passant par la chimie, de l’histoire à la sociologie en passant par les arts, pour appréhender les relations de « l’Homme » avec ces cours d’eau sans lesquels la vie n’est pas possible sur terre…
Patrice Naour
1965 : Naissance à Constance
 
1993-2001 : Séjour au Brésil
 
2010 : Nomination à Tours

À un moment, j’ai fait bifurquer ma carrière pour m’orienter vers une recherche qui débouche sur des applications dans les politiques publiques sur la vie des cours d’eau et donc des gens. » Dans son bureau situé dans le bâtiment de Polytech Tours, Karl Matthias Wantzen est intarissable sur ces fleuves, rivières et autres bassins versants qui ont façonné la vie sur terre et sans lesquels l’espèce humaine ne pourrait pas vivre. « L’important est de remettre l’humain à sa vraie place, nous ne sommes qu’une espèce parmi les autres que nous devons respecter et protéger comme nous sommes censés respecter l’humain, explique-t-il. C’est ce qui m’importe ici, dans le cadre de l’enseignement en master IMACOF (Ingéniérie en Milieux Aquatiques et Corridors Fluviaux), nous formons des ingénieurs qui vont travailler dans la gestion de l’eau, que ce soit dans les collectivités ou les organismes publics comme les DREAL ou les grands groupes, comme Suez ou Veolia. Mais ils ont cette conscience du milieu, ils savent qu’il faut respecter les écosystèmes qui sont mis à mal par l’activité humaine et ils se placent du côté des espèces pour les préserver… »

Cette conscience, le professeur Wantzen l’a acquise dès son plus jeune âge. Il est né à Bingen sur le Rhin, une petite ville située dans l’ouest de l’Allemagne, à hauteur du Luxembourg, où il a pu constater que, sur certains tronçons du fleuve où le Rhin est littéralement canalisé, « 95 % des zones inondables ont disparu, ce qui est positif pour l’activité humaine qui est protégée des crues mais mauvais pour l’écosystème du fleuve qui a besoin de cette dynamique des eaux pour préserver la biodiversité dans ces cours d’eau qui sont indispensables à la vie humaine… »

Invité à l’ONU en mars !

Mais le grand changement dans sa carrière, il l’a opéré au cours de son séjour au Brésil où, pendant huit ans, il a travaillé sur la plus grande zone humide du monde, le Pantanal. Située au Mato Grosso, dans le sud-ouest du pays, elle s’étend sur 180 000 km2, l’équivalent d’un tiers de la France ! « C’est là que j’ai découvert les bienfaits de la coopération et l’utilité de créer un réseau de chercheurs à travers le monde, explique-t-il. Mes travaux ont pu être utiles en Afrique où, comme partout dans le monde, il y a l’enjeu des bassins versants. Ces bassins sont constitués de toutes ces petites sources, ces petits filets d’eau qui constituent le cours d’eau principal quand ils se rejoignent. Il faut donc préserver ces bassins versants qui sont à l’origine des rivières et des fleuves… » Il anime aujourd’hui un groupe de quatre étudiants (deux Chinois, un Indien et une Congolaise) qui anime un réseau d’une cinquantaine de doctorants dans le monde entier pour partager et diffuser les connaissances sur ces fleuves et zones humides.

Un des multiples chantiers qu’il mène. Il s’est attelé dès son arrivée en Touraine à sauvegarder la grande mulette, cette grosse moule des rivières dont il subsiste encore quelques spécimens dans la Creuse et la Vienne. « Mais il faut lutter pour réintroduire cette espèce qui est en voie d’extinction, là, sous nos yeux, et si on ne fait rien, elle aura disparu d’ici quelques années… » Mais depuis 2018, les financements pour cette réintroduction se sont asséchés, la grand mulette n’est pas une priorité pour l’humanité… À Tours, il y est arrivé en 2010, en provenance de l’université de Constance. « J’ai accepté de venir vivre ici car l’écosystème est favorable justement, je suis entouré de collègues qui travaillent sur ces disciplines connexes, c’est un environnement favorable avec, en plus, la Loire à proximité qui est aussi un objet d’études fabuleux… » Il œuvre sans relâche pour faire reconnaître cette « multidiscipline » des fleuves et rivières comme un objet d’études à part entière. Et c’est ainsi qu’il a obtenu le label « Chaire de l’UNESCO – Fleuves et Patrimoine / River Culture » en 2014. Pas de financement à la clef mais une reconnaissance internationale et un soutien logistique qui lui ont permis de publier cette somme, River Culture, sortie l’an passé. Ce livre synthétise cette approche globale de la « culture des rivières », indispensable à préserver pour que la vie continue longtemps, très longtemps au fil de l’eau…

 

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