COMMENT A VU LE JOUR CETTE 1RE LIGNE ?
ALAIN DEVINEAU : Le tramway a été inauguré en août 2013, mais il faut remonter 21 ans en arrière, au 10 juillet 1992 très précisément, pour voir naître l’idée d’un projet de transport public en voies réservées. Ce jour-là, le conseil municipal présidé par Jean Royer adopte une délibération qui engage la ville sur cette voie, si je peux me permettre ce petit jeu de mots. On nomme ce projet T.V.R. pour Transport en Voies Réservées.
À l’époque, je suis adjoint à la circulation et je commence à étudier avec les ingénieurs de la Ville et les responsables du réseau Fil Bleu ce qui se fait déjà dans d’autres villes en France, à Nantes, Strasbourg ou Grenoble notamment qui avaient déjà relancé des lignes de tramway à l’époque. Je rappelle au passage qu’à Tours aussi il y avait eu des lignes de tramway mais elles avaient été démantelées en 1949 pour laisser place à la voiture en ville.
La dernière rame de tramway était rentrée définitivement au dépôt le 14 septembre 1949 au soir. Il s’agissait donc de relancer le tramway dans notre ville. Tours s’y met au début des années 90. Jean Royer soutenait donc le projet, tout comme le directeur de Fil Bleu de l’époque, Alain Nérot. Mais quand je parle au maire de tramway sur rail,
il freine des quatre fers, il estime que c’est impossible, qu’on ne peut pas reconfigurer la ville pour un tel mode de transport. Il faut se rappeler que nous sommes au milieu des années 90, il y a trente ans, la voiture était
reine dans nos villes. Plus rien ne se passe avant la fin de son mandat en 1995. Jean Germain est alors élu maire de Tours, il n’oublie pas un tel projet mais il a d’autres priorités pour son premier mandat. En revanche, le projet ressort des cartons au cours de son 2e mandat.
Et le 29 mars 2007, le conseil syndicat du SITCAT, devenu depuis le SMT (Syndicat des Mobilités de Touraine), approuve le projet de 1re ligne de tramway présenté par Jean Germain et Philippe Le Breton, président et vice-président de Tour(s) Plus. Ce projet est soumis aux Tourangeaux dans le cadre de la campagne des élections municipales qui suivent au printemps 2008. Nous lancerons le projet dès la réélection de Jean Germain et il faudra cinq ans pour que les Tourangelles et Tourangeaux puissent découvrir ce bel équipement et en profiter pleinement..
Y A-T-IL EU DES OBSTACLES PARTICULIERS OU DES RÉSISTANCES À LA RÉALISATION DE CETTE 1RE LIGNE ?
A.D : C’était un projet plutôt ambitieux, avec un tracé de 15 km. Il était aussi complexe sur le plan technique puisqu’il y avait le franchissement de deux cours d’eau, la Loire et le Cher, et de la rocade au sud, avant le terminus à Joué-lès-Tours.
Et puis la ligne traverse de part en part un des secteurs sauvegardés les plus importants de France,
en l’occurrence le centre-ville de Tours. Ce qui nous a contraints à trouver des solutions techniques adaptées, c’est pour cela, par exemple, que l’alimentation se fait par le sol entre la gare et le pont Wilson, pour préserver l’esthétique de la ville.
Donc, des contraintes techniques, il y en a eu, comme dans tout projet d’envergure. Il y a eu quelques résistances, avec des réunions parfois houleuses avec des riverains et des commerçants impactés par les travaux qui ont duré trois ans, mais ils ont été indemnisés par une commission pour compenser les pertes de chiffres d’affaires.
Il y a eu aussi des opposants à l’abattage des arbres car il a fallu en abattre 900 sur le tracé, ce qui a
occasionné des tensions. Mais nous en avons replanté 2013 – clin d’œil à l’année de mise en service – pour compenser. Au final, le projet a été plutôt bien accepté par les Tourangeaux qui ont perçu l’intérêt d’un tel équipement.
Dans chaque décision, c’est l’intérêt général qui doit primer, il s’agit de faciliter la vie à des dizaines de milliers de Tourangeaux chaque jour, et cela justifie que l’on y consacre toute son énergie, une telle réalisation
ne peut pas être à la merci de quelques personnes, même si elles sont impactées dans leur environnement immédiat.
