Les mains dans la terre la semaine, les roues dans la boue le week-end ! On pourrait résumer ainsi la vie de Ludovic Renard qui a choisi de cultiver ses deux passions en parallèle, l’activité maraîchère qu’il exerce sur son exploitation de Saint-Pierre-des-Corps, et le cyclo-cross qu’il pratique sur tous les circuits que le calendrier de la discipline place sous ses roues… « Quand j’ai commencé le vélo à 8 ans, comme tous les jeunes qui passent par l’école cycliste d’un club, j’ai été initié à toutes les disciplines, la route, le piste, le VTT et le cyclo-cross, explique le tout récent champion d’Europe de cyclo-cross catégorie Masters. Moi j’ai tout de suite été attiré par le VTT. J’ai participé à quelques épreuves nationales dans les catégories cadets et juniors. Mais cela demandait beaucoup de temps, de déplacements car, le plus souvent, les épreuves de VTT se déroulent en montagne loin d’ici. Je me suis donc consacré au cyclo-cross qui propose un bon calendrier au niveau départemental et régional, c’était plus facile pour la famille, qui me suivait… » Sans parler que c’est une discipline qui correspondant davantage à ses qualités de cycliste : « Je me suis assez vite rendu compte que je n’avais pas forcément les meilleures dispositions pour la route. Rouler trois-quatre heures, ce n’était pas trop mon truc, c’est assez monotone, je préfère les épreuves plus courtes, plus nerveuses, avec des circuits qui alternent différents types de terrain, je m’amuse davantage en cyclo-cross… »
Un projet de laboratoire de transformation sur son exploitation
Il en a donc fait sa spécialité tout en continuant une carrière sur route au niveau amateur, ce qui lui a permis de développer ses qualités physiques au printemps et en été pour être plus performant en automne-hiver. Aujourd’hui, ce n’est plus la route et le cyclo-cross qu’il continue de concilier mais le travail au champ et le vélo. « Peut-être qu’inconsciemment j’ai choisi le maraîchage parce que je me sens bien en extérieur, comme sur le vélo », précise-t-il. Mais quand il a commencé à travailler en 2006, ce n’était pas un choix par défaut. « J’ai fait deux ans en STAPS (NDLR : faculté des Activités physiques et sportives) mais les études, même de sport, ce n’était pas trop mon truc. J’ai donc commencé à travailler en 2006 avec mon père et j’ai pris la suite naturellement en 2020 quand il est parti à la retraite car j’aime mon métier… » Depuis plus de quinze ans maintenant, Ludovic concilie ses deux activités avec succès. Même si le vélo lui prend moins de temps aujourd’hui. « Je ne fais plus qu’un entraînement en semaine le mercredi et je roule aussi le samedi et le dimanche, en entraînement ou en compétition, explique-t-il. Mais à mon âge c’est moins la quantité d’entraînement qui compte que la qualité. Et puis une saison se prépare surtout au printemps, si on fait une bonne préparation entre mai et juillet, c’est plus facile d’être performant à l’automne. Avec l’expérience, je maîtrise bien ces paramètres pour être au top l’hiver… » Comme l’a démontré son récent titre de Champion d’Europe dans la catégorie « Masters » des vétérans âgés de 35 à 39 ans. Mais sur le terrain du maraîchage il ne se débrouille pas mal non plus, le 17 novembre il était mis à l’honneur du Business Dating du Crédit Agricole pour avoir innové avec l’installation d’un distributeur automatique de fruits et légumes puis d’un drive avec commande en ligne lors du confinement en 2020. « J’ai aussi le projet de créer un laboratoire pour transformer les légumes abîmés ou difformes en soupes ou en plats cuisinés, cela permettrait d’éviter le gaspillage car on jette trop de produits qui ne peuvent être vendus dans le commerce, il faut réduire au maximum ce gaspillage aujourd’hui… » dit-il en bon maraîcher pas économe de ses efforts quand il s’agit de faire avancer les choses dans son activité comme sur le vélo !