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Festival d’Yvoy-le-Marron : quand la Sologne accueillait les stars de Paris-Match

Festival d’Yvoy-le-Marron : quand la Sologne accueillait les stars de Paris-Match

Le festival d’Yvoy-le-Marron, à 40 km d’Orléans, a réjoui pendant plus de vingt-cinq ans des milliers de spectateurs. Dans ce petit village solognot, on trouvait tout naturel que la fine fleur du show-biz des années 60 et 70, de Johnny à Bécaud, vienne pousser la chansonnette. Mais pourquoi ces stars reconnues venaient-elles jouer ici ?
L. B
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Industriel et patron de presse réputé (voir encadré), Jean Prouvost devint maire d’Yvoy-le-Marron, petit village solognot de 600 habitants, en 1951. Il proposait aux vedettes le troc suivant : un gala gratuit en pleine campagne contre des reportages publicitaires dans son empire de presse. La formule, qui resta dans l’histoire comme le « festival d’Yvoy », mit un peu de temps à se roder. Le cocktail exploits sportifs et événements people fut conçu par les équipes de Paris-Match. Un premier gros événement eut lieu le 2 avril 1955 : en sa mairie d’Yvoy-le-Marron, Jean Prouvost maria l’actrice aux deux oscars et héroïne d’Autant en emporte le vent, Olivia de Havilland, qui épousa en secondes noces un reporter de Paris-Match, Pierre Galante. Les tourtereaux furent photographiés à Saint-Jean, la résidence solognote de Jean Prouvost. Ce dernier avait en effet acheté un ancien chalet bâti par des bûcherons canadiens lors de la guerre de 1914, englobé dans une confortable demeure. Les grands mariages faisaient rêver Prouvost : trois de ses petites-filles, ses héritières, se marièrent d’ailleurs en grande pompe à Yvoy-le-Marron.

Bouvard ou Zitrone en bateleurs

Jean Prouvost établit le principe de donner deux grandes fêtes par an. En juin, un gala de variétés suivi d’un grand bal est accompagné d’un événement à caractère sportif. En septembre avait lieu la fête des fleurs, des festivités plus locales accompagnées d’un grand feu d’artifice. À partir de 1966, l’événement fut relayé sur les antennes de RTL. Les animateurs de la station, Guy Lux, Philippe Bouvard, Léon Zitrone, Denise Fabre, Maurice Favière et Évelyne Leclerc, étaient mobilisés pour présenter le gala, et les jeux de la tranche horaire de midi ont lieu en direct, de la place du village solognot. Un programme payé par la publicité était édité à des milliers d’exemplaires. La petite fête de village, qui avait lieu sur la place en plein air, se transforma ainsi en un énorme circus avec un chapiteau géant de 6 000 places. Les bénévoles d’Yvoy-le-Marron étaient coachés par les hommes de Paris-Match, débarqués de Paris. Des effectifs de gendarmerie étaient mobilisés à cent kilomètres à la ronde. Bien traités, bien nourris et abreuvés, les pandores étaient ravis de pouvoir assister au gala en échange de leur mission de sécurité… 

Durant ces années, tout ce qu’il y eut de célébrité fut contraint de passer par Yvoy-le-Marron, sous peine de boycott médiatique. De Maurice Chevalier à Julien Clerc, de Dalida à Claude François, les vedettes étaient les invités personnels de Prouvost. Elles résidaient pour la plupart à Saint-Jean, le centre névralgique de la commune, à 4 km du bourg. Les plateaux réunis pour l’occasion étaient tels qu’aucun Zénith de France ne pourrait aujourd’hui se les offrir. En 1966, Mireille Mathieu et Antoine sont les têtes d’affiche. En 1969, Enrico Macias, Nicoletta, Michel Delpech et les Aphrodite’s Child, présentés par Gérard Klein, se partagent la vedette. L’apogée du festival se situe aux environs des années 1970 : Mireille Mathieu revient en 1973, accompagnée de Thierry Le Luron, Gérard Lenorman et Mike Brant. En 1974, après La Case au Trésor, animée par Fabrice, Michel Sardou, Stone et Charden, Carlos et Yves Lecoq triomphent dans un show réalisé par Gilbert Carpentier.

Les Harlem Globetrotters en Sologne

Les animations sportives ont marqué les esprits. Le catch féminin a connu un grand succès sur la place de l’Église, de même que les jeux intervillages animés par Guy Lux… Au stade de foot, les Harlem Globetrotters se sont produits sur un parquet monté pour la circonstance en 1972. L’année d’après, c’était au tour de l’équipe de France de rugby, emmenée par Walter Spanghero et Jo Maso, de faire une démonstration de rugby à sept. Les anecdotes sont plus restées que les spectacles : le jour où le toit du bal s’est écroulé sous le poids des spectateurs juchés en hauteur revient ainsi à la surface, à l’instar du souvenir de la magnifique Floride décapotable d’Adamo qui subit le même sort, piétinée par des fans en délire. Dans les coulisses, un jour de fête de la bière, Fernand Raynaud, allergique à ce breuvage, ne voulut pas entrer en scène tant qu’on ne lui avait pas apporté une bouteille de blanc ! Les dernières années furent moins glorieuses. En 1976, année de sécheresse, le spectacle de Gilbert Bécaud, Dave et Patrick Sébastien, prévu en plein air, dut se replier sous le préau de l’école à cause de la pluie. Bécaud était d’humeur massacrante : « On se croirait à la communion du petit », aurait-il persiflé avant de se décider à chanter… Jane Manson, en 1977, fut la dernière artiste programmée au festival d’Yvoy-le-Marron.

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