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Olivier Goujon Cinéman
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Olivier Goujon Cinéman
Portrait

Olivier Goujon Cinéman

À 42 ans, ce cinéaste indépendant a déjà réalisé neuf longs-métrages et tourné dans 200 lieux de la région Centre-Val de Loire. Pourtant, son nom ne vous dit peut-être rien. L’occasion, avec ce portrait, de rectifier le tir. 
Hugo de tullio
01/02/1996 : Rencontre celle qui deviendra sa femme
07/02/2006 : Naissance de sa fille Erin
2012 : Naissance de son premier film Qu’allons-nous faire du temps qu’il nous reste ?

Neuf ans de tournage, plus de 1 000 castings, quatre sorties de films au niveau national… Olivier Goujon n’est pas un novice au cinéma. Ce n’est cependant pas dans le septième art que le quadragénaire a fait ses premières armes, mais dans le commerce. Né à Gien, et y ayant effectué toute sa scolarité à Gien jusqu’au baccalauréat, il étudie ensuite aux Beaux-Arts de Châteauroux et d’Avignon. Mais avec la prestigieuse académie, ça ne colle pas. Alors Olivier Goujon devient vendeur d’encyclopédies à domicile et fait du porte-à-porte pendant trois ans.

Commercial puis directeur commercial et marketing dans une société française, le Giennois poursuit son bonhomme de chemin pendant une quinzaine d’années, jusqu’au déclic, en 2012 : « je n’avais jamais aimé faire ce que je faisais, dit-il. Ce que je voulais, c’était faire un métier artistique. J’ai donc tout laissé tomber pour devenir réalisateur et monter mon association, OG Films. » Objectif : créer quelque chose qui serait ouvert à tout le monde, dans lequel tous les postes existeraient et où « l’on se ficherait de savoir si vous avez de l’expérience et les bonnes relations… »

L’habitant de Beaulieu-sur-Loire lance la même année son premier film après six mois de démarches. Grâce aux fonds propres de l’artiste et « aux gens qui nous ont fait confiance », le long-métrage parvient à voir le jour. Malheureusement, neuf ans plus tard, Olivier Goujon reconnaît qu’il n’arrive toujours pas à vivre de son métier. La faute, selon lui, au système de financement du cinéma français : « on est la seule association de France à faire ce que l’on fait, raconte-t-il. C’est compliqué d’entrer dans un système dans lequel on ne coche aucune case : on n’a droit à rien, même pas de déposer un dossier. Et de ce fait, toutes les portes nous sont fermées. » Il pointe aussi du doigt la Région, qui n’a, selon lui, jamais mis ses œuvres en avant : « c’est fatigant… On aimerait bien être diffusé sur le territoire et non être rejeté sans même avoir vu nos œuvres. »

Qu’importe l’absence de soutiens extérieurs, l’essentiel pour l’ancien commercial est de s’épanouir pleinement dans le cinéma : « j’ai enfin trouvé ce qui me rend heureux, ce qui me passionne. » Montage, écriture, photographie, effets spéciaux, lumière… Olivier Goujon touche à tout et compose même la musique de ses films, tous autofinancés : « c’est un métier magnifique. » Mais cette flamme déclarée au 7e art ne serait pas si vive sans « l’aventure humaine », si chère à ses yeux : « je rencontre plein de personnes, toutes venues d’horizons différents ». Le président d’OG Films s’attache toutefois à une particularité : la très grande majorité des gens avec qui il travaille sont originaires de la région Centre-Val de Loire. Même philosophie concernant ses lieux de tournage, tous situés sur notre territoire : « il y a tellement de belles choses et de talents ici… Je ne vois pas pourquoi aller chercher ailleurs ce que j’ai chez moi ! » Grâce aux « coups de main » des entreprises, collectivités et particuliers qui mettent à sa disposition des lieux de tournage, Olivier Goujon poursuit son histoire d’amour avec le cinéma depuis maintenant neuf ans. Quand le budget moyen d’un film français est de plusieurs millions d’euros, l’artiste n’en utilise que 2 000 pour chacune de ses œuvres. Que celles-ci prennent la forme d’un thriller, d’une comédie ou d’un drame, le cinéaste aime se frotter à tous les genres cinématographiques : « chaque film est traité de façon totalement différente du précédent, explique-t-il. C’est pour ça que ce métier est génial : à chaque fois, on revient à zéro, on réapprend, on est surpris tout le temps. » Ce que ce Giennois souhaite avant tout, c’est créer des choses qui sortent de l’ordinaire, « car en France, c’est trop souvent pareil. » Rompu à moult activités artistiques telles que le dessin, la gravure, la sculpture ou la musique, Olivier Goujon affectionne tout particulièrement l’univers décalé et fantastique, en citant comme source d’inspirations David Lynch, Tim Burton ou encore Jean-Pierre Jeunet.

Clap de fin ?

Passionné mais lucide, le réalisateur est bien conscient que cette idylle avec le cinéma risque de bientôt prendre fin. C’est pourquoi trois projets ont été lancés par le Giennois, comme un dernier coup d’éclat, et « histoire de pouvoir mettre un coup de boost avant que ça sente la fin… Car il va bien falloir que je mange, je n’ai presque plus de sous. » Un film d’action tourné à Beaulieu, un policier à Gien et un documentaire sur la permaculture doivent voir le jour d’ici l’année prochaine. Entre le Covid et l’avenir incertain de son association, Olivier Goujon se fait à l’idée de retrouver un travail qu’il n’aimera pas, sans pour autant dire adieu au cinéma : « je n’arrêterai pas », promet-il déjà. 

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