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Démolition du T17 de La Source : inquiétudes des habitants quant aux conséquences sur leur logement et leur santé

Démolition du T17 de La Source : inquiétudes des habitants quant aux conséquences sur leur logement et leur santé

L’emblématique T17 de La Source finira d’exister le 29 octobre prochain à 11h. Si les acteurs du projet affichent une sérénité toute professionnelle, ce n’est pas toujours le cas des habitants, qui s’inquiètent des conséquences sur leur propre logement et de l’impact sur la santé.
L. B
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Il existe plusieurs techniques pour effondrer un bâtiment : celle dite du grignotage, qui consiste à casser par petits bouts avec des pelles à grands bras. Inconvénient : elle génère énormément de bruits et de poussières et peut durer des mois, voire des années. Vient ensuite celle un peu plus rapide de l’explosion partielle et de l’écrêtage mécanique, puis une autre solution, finalement retenue, pour l’emblématique tour T17 de La Source : une démolition complète ultra-rapide à l’explosif, autrement nommée « foudroyage ». Un terme qui ne laisse aucune place au doute… Avec ses 17 étages – 18 avec la terrasse – et ses 273 logements, il va sans dire que la problématique de cette destruction est complexe, d’autant que le chantier est situé dans une zone très urbanisée. De fait, cette technique du foudroyage possède un avantage certain, puisqu’en quelques secondes seulement, tout disparaîtra, et que les riverains évacués ne passeront qu’une matinée à l’extérieur de leur logement. L’opération aura lieu un dimanche matin, pour ne pas gêner notamment les commerces, et tout le quartier sera vidé et bouclé. 

Désamiantage en cours

Depuis plusieurs mois, des entreprises procèdent au désamiantage (la tour est en effet truffée d’amiante) et à l’évacuation de tous les matériaux situés à l’intérieur du bâtiment. Ce curage a déjà engendré 120 tonnes de gravats retirés à l’aide d’une grue mobile, et lorsqu’elle s’effondrera sur elle-même, minée tous les cinq étages, la T17 sera affaiblie de 50 %. Pour protéger les alentours de la projection et des poussières, des protections vont être mises en place (zone verte sur la photo p.5). D’abord, l’installation d’un talus en terre de quatre mètres de haut qui ceinturera le bâti, puis des plaques sur des échafaudages disposées autour des infrastructures les plus proches comme la Poste, le dojo ou la crèche. Dans un périmètre de 50 mètres, les autres bâtiments seront protégés par un géotextile, sorte de drap très épais. Au pied de la tour, des piscines d’eau de 4 m³ chargées d’explosifs créeront un rideau d’eau juste avant la démolition pour capter le maximum de poussières. Grâce au sous-sol existant, après effondrement, la hauteur des gravats ne dépassera pas l’équivalent de deux étages. La démolition de la dalle publique et privée, ainsi qu’une partie des parkings autour du bâtiment, sera auparavant nécessaire pour libérer les emprises de la T17. Elle aura pour conséquence la disparition de différents accès à quelques équipements : le dojo au niveau de centre commercial, la crèche au niveau de la résidence Callas, et l’escalier réservé aux salariés de La Poste. D’autres accès seront mis en place.

Des riverains anxieux

C’est d’ailleurs la proximité des infrastructures et immeubles qui soucie les habitants : « Dans le nord de la France, des maisons se sont écroulées sur elles-mêmes, craint un Sourcien qui s’est exprimé début février lors d’une réunion publique. Les riverains et le directeur de la crèche sont très inquiets. » À cette angoisse exprimée la réponse est d’abord juridique, sous forme d’un référé préventif : tous les résidents situés dans le périmètre de la zone bleue (voir photo ci-contre) recevront la visite d’un expert mandaté par le Tribunal pour constater l’état des lieux avant la démolition, tandis qu’une seconde visite sera faite à la demande des résidents en cas d’apparitions de fissures ou d’autres désordres. Un suivi vibratoire sera aussi mis en place tout autour du site, pour vérifier que les vibrations sismiques ne sont pas dépassées. Pour le conducteur de travaux, seul le placo pourrait être concerné et non le gros œuvre, compte tenu du recul d’expériences déjà menées sur d’autres tours. Des voix s’élèvent cependant pour signaler qu’il existe des antécédents, notamment à Bordeaux et Lille, et qu’il faudrait élargir le périmètre du référé. Un argument balayé par l’entreprise qui est en charge de la démolition : pour celle-ci, rien ne prouve que, dans les cas évoqués, la cause des dégâts ne fût pas liée à la vétusté antérieure des bâtiments. Elle ajoute que pour la T17, le périmètre n’a pas été choisi par hasard. « Mais si des problèmes apparaissent cinq ans plus tard, comment serons-nous couverts ? » s’interroge une riveraine. « C’est ce qui s’est passé avec la sécheresse ! » ajoute une autre. « Personne ne fait confiance à la parole des experts, nous sommes trop souvent menés en bateau », continue un habitant. Pour les habitations situées en dehors de la zone du référé, la responsable du projet conseille alors le constat d’huissier. Une habitante des Résidences des Bois de La Source apporte son témoignage. « Lorsqu’ils ont créé le Jardin de la Renaissance et tout démoli, rappelle-t-elle, nous avons eu des vibrations toute une journée, comme un tremblement de terre, et depuis nous avons des problèmes de fuites dans notre immeuble. J’ai eu beau envoyer des courriers… » Une mère de famille s’interroge également : « Je suis maman d’enfants scolarisés dans les écoles à proximité qui ne font pas partie des mesures de protection lourde. Qu’en est-il des poussières d’amiante ? » Sur ce sujet, le directeur technique chargé de la démolition affirme que les choses sont très claires : le processus de désamiantage en cours est extrêmement encadré et, avant l’opération, il n’y aura bel et bien plus aucune trace d’amiante dans la T17.

>> Qu’ y aura-t-il après ? 

Pour l’instant, bien malin qui peut dire ce que va devenir précisément l’espace libéré par la T17. Si la démolition de la tour a été retardée, c’est d’abord la faute aux… hirondelles, qui s’étaient entichées de la T17 pour construire leurs nids ! Pour l’heure, les seules réflexions qui semblent abouties dans le cadre du programme défini par l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) concernent l’extension du Jardin de la Renaissance et la végétalisation de la dalle et de l’ancien parking. Sont aussi évoqués, sans aucune certitude ni précision, un « nouvel aménagement urbain » lié à la réhabilitation des copropriétés alentour, de nouvelles voies de circulation piétonnes et une réflexion sur l’emplacement des services publics, notamment du commissariat. Mais pour Béatrice Barruel, adjointe orléanaise à l’urbanisme, « la priorité est d’abord de faire en sorte que toutes les opérations autour de la démolition de la tour se passent le mieux possible, avec un accompagnement soutenu aux riverains et des réunions d’information qui s’échelonneront jusqu’au jour J ».
Après l’effondrement, il faudra compter environ trois mois pour l’évacuation des gravats, qui seront d’ailleurs recyclés pour fabriquer du nouveau béton. Les vestiges de la T17 pourraient ainsi se retrouver dans le futur aménagement urbain…

>> Un dimanche sans grasse mat’

Le jour du « foudroyage » de la T17, l’évacuation des habitants se fera sur un périmètre de 200 mètres, ce qui représente environ 1 500 logements. Le 29 octobre, entre 7 et 9h du matin, tous les résidents devront avoir évacué la zone. Un recensement complet du nombre d’habitants sera effectué auparavant pour identifier les difficultés médicales et prévoir éventuellement des lieux d’accueil pour ceux qui n’auraient pas de solution de repli. Aux alentours de 13h, l’accès sera rouvert. Commenceront alors les opérations de retrait des protections et de nettoyage des rues les plus proches. Seules consignes pour les habitants avant le bouclage du périmètre (en rouge sur la photo) : fermer ses volets et quitter son logement. 

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