En 1998, Stéphane Chassine, rosiériste expérimenté, achetait avec son épouse Aline une ancienne ferme à Meung-sur-Loire. « Je travaillais à l’époque chez le rosiériste spécialisé en roses anciennes André Eve, à Pithiviers – je conseillais les gens dans leurs achats. On venait d’acheter la ferme de Roquelin en tant que résidence d’habitation. Tout était à restaurer. Puis j’ai commencé à planter autour des bâtiments. »
Car après avoir retapé les murs, Stéphane ne s’est pas arrêté en si bon chemin : avec l’aide de son beau-père, il a transformé le terrain cultivé, un champ de blé qui bordait la maison et les dépendances, en espace d’un hectare (sur les six que compte la propriété) entièrement paysager, fleuri et encore plus réussi que son créateur ne l’escomptait au départ : « Je l’ai trouvé beau et je me suis dit qu’il serait intéressant de l’ouvrir au public. J’ai quitté l’entreprise et je me suis lancé totalement dans ce jardin botanique. » Une petite précision pour les personnes exigeantes en matière de cohérence grammaticale : on parlera plutôt « des jardins » au pluriel, car leur créateur indique qu’ici s’étendent différents espaces, se déclinent plusieurs thèmes.
Mignonne, allons voir si les roses…
À Roquelin, ce sont les roses qui tiennent la vedette. Anciennes (c’est-à-dire créées avant 1930, dominantes ici) ou modernes, près de 500 variétés s’épanouissent sans traitement chimique et sous les seules mains expertes de Stéphane – il fait tout, tout seul, un vrai tour de force ! – aux côtés d’arbustes et de vivaces qui les mettent en valeur : roses Thé, Noisette, Rugosa, Damas, Alba, Bourbon, Galliques… Toutes les grandes familles – et d’autres moins renommées – sont représentées dans ces jardins à l’anglaise ouverts au public depuis 2005, classés « Jardins remarquables » depuis 2011. Une distinction qui impose aux demandeurs de répondre à plusieurs critères : « L’esthétique en premier lieu, bien sûr ; il faut que l’aspect visuel soit beau. Il faut que l’endroit soit entretenu. Et qu’il soit ouvert au public quarante jours par an. »
Les Jardins de Roquelin, au-delà du spectacle des roses, sont une invitation à la lecture, à la méditation, au repos ; des bancs sont d’ailleurs stratégiquement installés. « Des gens viennent pour lire, d’autres s’installent pour boire un verre, ce qu’il est aussi possible de faire, des boissons étant proposées au niveau du verger. » Haies, bosquets, pelouses aux lignes courbes, serres complètent le tableau, sans oublier le potager à l’ancienne et, last but not least, quelques volatiles qui vaquent à leurs occupations. « Ici, j’allie un peu toutes mes passions », sourit Stéphane Chassine. Au-delà des roses, on croise donc des animaux, des paons notamment, des poules, des coqs, mais aussi des pots de confiture : une centaine de parfums sont accessibles à l’achat. Impossible d’en dresser la liste, mais le patron semble fier de sa confiture de figues réalisée durant l’automne, aussi associée à d’autres saveurs pour le plus grand plaisir des gourmands : figue-noix, figue-noix-orange, figue-gingembre. À l’heure où vous lirez ces lignes, les prunes, les cerises, les mirabelles, se seront invitées dans les bocaux maison. En attendant les mûres, un peu plus tard.
Idées à piquer et repiquer
Si le dessin de Roquelin ne change pas fondamentalement d’une année sur l’autre, les ambiances, les couleurs, diffèrent selon les saisons. « Beaucoup de roses au printemps, moins en été, mais d’autres plantes sont alors sous leur meilleur jour. » De plus en plus, l’adresse est connue : les jardiniers amateurs (pour ne pas dire “en herbe”…) piochent ici des idées pour leur propre carré. Idées qui peuvent se concrétiser assez vite, car il est possible d’acheter des plants sur place… Se donnent aussi rendez-vous à Roquelin de simples spectateurs et spectatrices de beautés végétales, des amateurs et amatrices de balades bucoliques, et de pittoresque, au sens premier du terme. On imagine très bien un maître de l’impressionnisme œuvrant sur son chevalet au milieu de cette source d’inspiration sans fin !
Plus d’infos
Lieu-dit Roquelin, 45130 Meung-sur-Loire
Ouvert jusqu’au 3 octobre, 10h-18h sauf le mardi. Tarif unique : 6 €
(gratuit – de 18 ans).
