Yann Hervis, l'artiste orléanais à découvrir grâce à ses œuvres en bois uniques | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
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Yann Hervis, l’artiste orléanais à découvrir grâce à ses œuvres en bois uniques
Portrait

Yann Hervis, l’artiste orléanais à découvrir grâce à ses œuvres en bois uniques

À travers ses œuvres qui jalonnent le cœur historique du centre-ville, comme son fameux clou ou ses Témoins en acier corten, cet artiste orléanais très attaché au travail du bois invite à la découverte du patrimoine sous un angle artistique unique.
L. B
15/02/1956 : Naissance à Orléans.
 
1983 : Rencontre avec Andrée Putman et réalisation du portrait d’Yves Saint Laurent.
 
1989 : Celui qui deviendra son futur agent vient lui demander d’exposer à Singapour et en Asie.

«Je suis né dans les copeaux ! », plaisante Yann Hervis, issu d’une lignée d’ébénistes installés au début des années 1900 à Orléans, et dont le père, un ancien de l’école Boulle, réalisait du mobilier de style. Cette hérédité a donné au fiston l’amour du travail sur le bois, et l’arbre, qu’il définit comme son « totem », est d’ailleurs chez lui une représentation omniprésente. Enfant, le jeune Yann Hervis voulait cependant devenir… pilote professionnel. Un rêve qui se heurta au contexte de l’époque – le choc pétrolier – mais surtout à son intérêt croissant pour les arts. « Je me suis inscrit aux Beaux-Arts en indépendant, et pour gagner ma vie, j’ai fait l’École Normale, raconte-t-il. Là, j’ai eu la chance d’avoir comme professeur de dessin Roger Toulouse. En parallèle, je m’intéressais beaucoup au design et j’aimais les graphismes de Milton Glaser. Et puis, j’ai eu l’idée d’utiliser la marqueterie pour créer des dessins. » Aidé par son père, Yann Hervis réussit même à exposer ses premiers tableaux en marqueterie. 

Le design étant en plein boom au début des années 80, il s’intéressa très vite au mobilier. Il montra son book aux architectes et décorateurs parisiens, et la chance lui sourit : Andrée Putman, grande prêtresse de la décoration à Paris, le reçut et lui commanda un portrait pour… Yves Saint Laurent. « J’étais très impressionné, car Andrée Putman était une grande dame, se souvient Yann Hervis. Ensuite, j’ai rencontré Saint Laurent rue Cambon et j’ai commencé ce portrait qui devait être installé dans l’un de ses show-rooms à Chicago. Il en a été satisfait, et ce fut pour moi une carte de visite fantastique. Grâce à Andrée Putman, que j’appelle ma “marraine de guerre”, j’ai ensuite pu exposer un peu partout aux États-Unis, puis j’ai continué dans le monde du design chez Philippe Starck. Nous travaillions pour les studios d’Hollywood et c’est d’ailleurs comme cela qu’une de mes créations s’est retrouvée dans un clip de Madonna… » En France, la présidente du musée des Arts décoratifs d’Orléans lui acheta à cette époque, au début des années 80, un petit guéridon pour la collection permanente du musée. Puis, second coup de chance, celui qui deviendra son futur agent vint lui proposer d’exposer à Singapour et en Asie. 

Des années plus tard, Yann Hervis demeure en perpétuelle recherche créative. C’est en visitant la grande imprimerie Sergent, en 1986, qu’il a ainsi découvert aux pieds des presses des matrices de cuivre au rebut ayant servi à réaliser des gravures. Il y a alors vu une belle idée pour créer des tableaux en jouant sur la profondeur. « J’ai travaillé sur des matrices en bois pour faire mes gravures et, quand j’ai commencé à encrer, ce fut un choc, une libération, raconte-t-il. Car autant en marqueterie, j’avais une palette de bois magnifique mais imposée, autant là, j’ai retrouvé le jeu avec les couleurs. » Yann Hervis a réussi à détourner l’utilisation d’une sableuse industrielle pour injecter du sable à haute pression qui crée, dans ses tableaux, la magie des contrastes. Pour ce faire, il travaille en scaphandre… Il grave également le verre et colle souvent plusieurs feuilles de ce matériau pour un superbe effet de relief. Tous les matériaux intéressent l’artiste prolifique : le bronze, l’acier, et même le papier, pour une transformation atypique et originale avec l’envie de bousculer les codes.

Des clous !

Dans la cité johannique, on doit notamment à Yann Hervis les clous de bronze décoratifs qui jalonnent l’Orléans historique. L’un rond, classique et dédié aux chaussées, arbore une Jeanne d’Arc combattive à cheval, et l’autre en relief, plus petit, délimite les terrasses des restaurants et cafés. L’artiste a également réalisé les bas-reliefs de la fontaine Coligny ou les grandes stèles de verre gravé en palimpsestes du pôle Oréliance. Une superbe sélection de ses créations en marqueterie, bois gravés, verres gravés, portraits, mobiliers, sera cette année exposée du 25 novembre au 3 décembre prochains au Domaine de la Trésorerie, à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin. Avis aux amateurs… et aux passionnés !

 

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