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Développement des infrastructures pour le vélo dans la métropole orléanaise : les associations et les élus divergent sur les raisons d’un manque de progrès

Développement des infrastructures pour le vélo dans la métropole orléanaise : les associations et les élus divergent sur les raisons d’un manque de progrès

Les associations de cyclistes dans la métropole orléanaise et les élus locaux se rejoignent sur le fait que le développement des infrastructures pour faciliter l’usage du vélo « ne va pas assez vite ». Mais selon le côté du pédalier, les explications à ces insuffisances sont un peu différentes…
B.V
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Le 20 janvier dernier, Olivier Schneider, le président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette, s’est offert une petite excursion dans la métropole orléanaise pour découvrir la qualité de ses infrastructures cyclables. Des infrastructures que des collectifs locaux de cyclistes engagés, comme la Vélorution, jugent assez peu satisfaisantes. D’ailleurs, le dernier baromètre de la FUB (voir encadré) a relégué la métropole d’Orléans assez loin dans le classement national qu’elle met à jour tous les deux ans. « Comparé à des agglomérations comme Strasbourg, Grenoble, Rennes ou même Lorient, Orléans est l’une des seules grandes villes où ça stagne, résume Olivier Schneider. Je pense pourtant que ça peut aller plus vite. »

« Infrastructures » ou « aménagements » ? 

Ce constat, le président de la FUB l’a sans doute redit aux élus métropolitains qu’il a rencontrés lors de sa virée orléanaise. Avec en ce début d’année 2023 un élément en sous-texte, que les associations ont largement diffusé sur les réseaux sociaux : selon elles, la Métropole aurait procédé en 2021 à la réalisation d’un seul kilomètre de voie cyclable sécurisée. Pourtant, sur le papier, le Plan Vélo de cette même Métropole est doté d’un budget de plus de 5 M€ par an… Alors, où sont passés les sous ?, demandent en creux les associations. Maire d’Ingré et vice-président de la Métropole en charge de la politique cyclable, Christian Dumas a lui comptabilisé en 2021 non seulement ce kilomètre de piste aménagée (situé à… Ingré, ndlr), mais également d’autres aménagements que les associations et collectifs ne considèrent pas comme tels. Christian Dumas prend ainsi pour exemple « 3-4 km » aménagés au niveau de la RD 2157… « Même si les associations disent que les travaux qui y ont été réalisés ne sont pas aux normes », convient le maire d’Ingré. C’est bien là l’un des objets de la discorde : les uns et les autres ne parlent visiblement pas des mêmes choses. Les associations d’usagers réclament ainsi des « infrastructures » cyclables sécurisées et disent que les collectivités ne procèdent qu’à de simples « aménagements ». Par exemple en réalisant des « chaussidoux », ces aménagements qui consistent à peindre des bandes cyclables clairement distinctives sur chaque côté d’une rue (exemple, rue des Montées, ndlr). « Pour la collectivité, ce type d’équipement, qui légitime certes la place du vélo sur la chaussée, a l’avantage de ne rien coûter et de respecter la loi, explique Yann Pierens, de l’association DAMMO (Droit Accessibilité Mobilité Métropole Orléans). Mais pour qu’il marche, il faut que le trafic auto soit faible et plutôt dans un seul sens. » 

On l’a compris, pour les collectifs d’usagers engagés, ce type d’équipement n’est pas suffisant : ils veulent plus et plus sécurisé. Quitte à demander aux communes de revoir leur plan de circulation en rendant parfois des routes à sens unique pour les automobilistes afin de créer… de vraies pistes cyclables. « Il faut manier cette possibilité avec précaution, répond Christian Dumas. Car si vous faites ça dans une zone très urbanisée, vous pouvez déplacer le trafic automobile dans d’autres rues, où vous pouvez avoir alors de l’insécurité. » Sur ce point, les associations regrettent un manque de courage politique, qui ferait prendre à des maires le risque de voir se dresser contre eux des riverains mécontents de ne plus pouvoir utiliser leur voiture à leur guise. « Il n’y a aucun maire de la métropole orléanaise qui ne me dise : “Je n’ai rien à faire du vélo”, rétorque Christian Dumas. Parce que pour une commune, un aménagement se fait avec l’argent de la Métropole et qu’en plus, c’est porteur politiquement. » Philosophiquement, le maire d’Ingré pense en fait que tout le monde peut s’entendre sur la route et qu’il faut « partager l’espace », tandis que les associations d’usagers du vélo regrettent que la Métropole et les communes ne soient pas plus coercitifs avec la voiture (zones 30, sens uniques, etc.). « Notre société souffre toujours d’une représentation idéalisée de l’automobile », soufflent-elles. 

« Pas un problème d’argent, mais d’ingénierie »

Au-delà du type d’infrastructures à réaliser se pose le problème du « mitage » des pistes cyclables. En d’autres termes, pour les usagers, le réseau vélo de la métropole orléanaise manquerait de liant et de raccordements, avec des aménagements qui, parfois, ne débouchent sur aucune autre piste/voie cyclable : c’est ainsi le reproche qui est fait à l’emblématique nouvelle piste du pont George-V, au sud. « Ce problème de mitage est dû au poids de l’histoire », convient Christian Dumas, qui accepte l’idée selon laquelle les communes ont travaillé dans le passé un peu trop dans leur coin sur les aménagements cyclables. Pour faire avancer le schmilblick, l’élu dit cependant avoir lancé en fin d’année 2022 une nouvelle instance baptisée « comité des représentants des communes », qui compte donc des élus de chacune des 22 villes de la Métropole et qui va désormais évoquer « en concertation », trois ou quatre fois dans l’année, des projets d’aménagement cyclable. Mais pour que la volonté politique qui sortirait de ces conclaves se concrétise dans les faits, il faudra que l’intendance suive. « Il ne suffit pas de dire qu’on a 5 M€ par an, il faut avoir les projets et les transformer en action, admet Christian Dumas. Aujourd’hui, il n’y a pas un problème d’argent, mais d’ingénierie. » En effet, la Métropole cherche depuis quelques mois un « chef de projet des aménagements cyclables » qu’elle ne trouve visiblement pas. Une perle rare pas évidente à dénicher, puisque la Région Centre-Val de Loire est elle aussi en manque d’une compétence en ce domaine. De quoi inspirer cette dernière pour mettre en œuvre une véritable formation d’experts en ingénierie vélo sur le territoire…

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