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Bien-être animal : quelles avancées ?
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Bien-être animal : quelles avancées ?

Bien-être animal : quelles avancées ?

Du 25 au 27 janvier, une proposition de loi visant à baisser la maltraitance animale a été débattue à l’Assemblée nationale. Comment associations et partis politiques concernés par cette cause jugent-ils ce texte ? Dans le Loiret, on regrette globalement que les choses n’aillent pas assez loin…
Hugo de tullio
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Les Français sont les champions européens de l’abandon : plus de 100 000 animaux continuent d’être délaissés chaque année dans le pays. Fort de ce constat navrant, les autorités ont décidé d’agir, notamment via une proposition de loi qui a été discutée en début de semaine à l’Assemblée nationale. L’Orléanaise Joëlle Lanteri, membre de l’équipe « condition animale » à La France Insoumise, se dit « satisfaite que la société s’empare de cette question, même si la loi proposée a des aspects peu révolutionnaires. » Que dit en l’état cette dernière ? D’abord, qu’un « certificat de sensibilisation » devra dorénavant être signé avant de pouvoir acheter un animal, pour rappeler notamment les obligations de soins et de vaccinations. « On peut douter de l’effet juridique de cette mesure, regrette Étienne Bonenfant, correspondant au Parti animaliste du Loiret. Mais au moins, l’acquéreur aura conscience qu’il ne doit pas seulement prendre en charge l’animal pendant six mois. » Aurélie France, vice-présidente de la SPA du Centre, évoque de son côté « une mesure symbolique qui ne va pas changer grand-chose. » 

En outre, dans ce volet prévention, un fascicule sera mis en place dans toutes les écoles élémentaires pour sensibiliser les enfants à la condition animale. « Une excellente nouvelle, car respecter les animaux est une chose primordiale à apprendre à un enfant », estime Anne Mérigot, responsable de la fourrière de Chilleurs-aux-Bois. 

Vers un Observatoire de la protection animale ?

Autre mesure censée dissuader les Français et les Loirétains d’abandonner leurs animaux : tout acte de maltraitance pourrait passer de deux à trois ans de prison, et de 30 000 à 45 000 € d’amende. Pour Joëlle Lanteri, qui est aussi membre de l’APCLO (Association pour la Protection des Chats Libres d’Orléans), ces amendes « ne seront pas suffisantes, vu la cruauté et le sadisme dont peuvent faire preuve certains humains. »

Par ailleurs tous les propriétaires vont être obligés d’identifier (c’est-à-dire pucer et tatouer) leurs chats, sous peine de payer une amende de 750 €. Une fausse bonne idée pour Aurélie France, qui recueille chaque année, avec les autres bénévoles de la SPA du Centre, 450 animaux, dont environ 350 chatons de moins de quatre mois. « Si leurs animaux ne sont pas identifiés, certains propriétaires continueront-ils de venir les déposer en personne en risquant de prendre une amende ? », s’interroge-t-elle. 

Le texte de loi prévoit également la création d’un Observatoire national de la protection animale. « C’est encore du flan, je ne vois pas à quoi ça va servir, peste Aurélie France. L’origine du problème, c’est la reproduction excessive. Je préférerais que l’on fasse une grosse politique de sensibilisation à la stérilisation d’animaux. » Même avis pour Étienne Bonenfant, du Parti animaliste : « les refuges sont saturés et aucune ambition n’est énoncée pour changer cela. Il faut que les maires stérilisent les chats errants dans leur ville. Il faut absolument faire quelque chose avec ces animaux qui prolifèrent, car il y a beaucoup d’euthanasies. »

Encadrer les ventes sur Internet

La vente d’animaux sur Internet fait aussi partie des sujets mis sur la table. Concrètement, une charte pour encadrer les ventes sur la plate-forme Leboncoin va être établie. Déjà depuis quelques temps, Aurélie France, vice-présidente de la SPA du Centre, remarque qu’il y a déjà, en ligne, beaucoup moins d’annonces d’animaux. « Ce serait toujours un plus si la charte pouvait être appliquée, ajoute-t-elle. Il ne faut pas oublier que déjà, depuis 2012, les maîtres doivent identifier leurs chiens et chats dans leurs annonces, mais la moitié d’entre eux ne le font pas… »

En tant que responsable de la fourrière loirétaine de Chilleurs-aux-Bois, Anne Mérigot incite fortement les gens à se détourner d’Internet pour aller adopter leurs animaux dans des refuges. Il faut en effet savoir que, passés huit jours ouvrés, les bêtes non réclamées en fourrière sont proposées au refuge en vue d’être adoptées : « plus il y aura d’adoptions en refuge, plus il y aura de la place pour les animaux qui ont été abandonnés en fourrière ou sur la voie publique », précise-t-elle. 

Alors que l’interdiction de ventes d’animaux dans les animaleries avait été évoquée, la proposition ne sera finalement pas retenue dans le texte de loi. « Cela aurait pourtant été utile qu’on l’interdise, car les animaux n’y sont pas forcément bien traités », regrette Joëlle Lanteri, qui va même plus loin : « il ne faudrait pas faire de profits sur l’animal, car ce dernier n’est pas un objet. Cela pose, d’ailleurs le problème de son statut juridique. Aujourd’hui, il est à mi-chemin entre une chose et une personne. » Aurélie France n’est, de son côté, pas opposé à la vente d’animaux en animalerie. En huit ans, elle confie d’ailleurs n’avoir vu que deux personnes ramener leur animal acheté dans un magasin. Avec des prix qui peuvent s’élever à 1 000 €, « les gens réfléchissent à deux fois, dit-elle, avant d’acheter dans ces structures. C’est tellement anecdotique, dans ces conditions, que l’abandon n’arrive que très rarement. » Contactée, l’animalerie du magasin Brico Leclerc de Fleury-les-Aubrais a refusé de répondre à nos questions.

Punir la zoopornographie

En parallèle, il est enfin prévu, dans le texte de loi, que les peines pour zoopornographie soient également alourdies, et des engagements pris en septembre dernier par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili seront repris. D’ici cinq ans après la promulgation de la loi, il sera également interdit de détenir des animaux sauvages dans des établissements itinérants, comme les cirques, ou de les exhiber dans des fêtes privées par exemple. Enfin, la détention, la reproduction et la participation à des spectacles des cétacés en captivité seront prohibées. Sont concernés en France le parc Astérix, Planète Sauvage et Marineland. Les trois élevages de visons prisés pour leur fourrure devront aussi fermés d’ici cinq ans. Tout cela « est positif », se satisfait, de ce point de vue-là, Joëlle Lanteri, qui regrette toutefois « des délais trop longs. » Celle-ci rappelle pour conclure que cela faisait six ans que le Gouvernement n’avait pas légiféré sur les animaux : « ça avance, mais on ne parle pas des choses qui fâchent, comme des conditions de vie dans les abattoirs ou les élevages, avec parfois de la maltraitance. Il y a beaucoup de lobbying et d’obstructions parlementaires. C’est dommage, on voudrait que ça aille plus vite, mais il n’y a pas de petits pas… »

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