C’est un discours convenu de nos jours : des quartiers où « il fait bon vivre », où « la qualité de vie des habitants est la priorité », évidemment dans « le respect de l’environnement »… On pourrait multiplier les formules un peu plates à l’infini pour qualifier l’ambition des aménageurs de la ZAC du Plessis Botanique, mais, cette fois, on a vraiment envie de les croire tant ils se sont donné les moyens de penser la suite du projet avec de nouveaux paradigmes. La suite, parce que 16 % de l’emprise foncière a déjà été commercialisée par Icade Synergies Urbaines, l’aménageur du quartier depuis l’été 2019, date de la signature de la concession avec la ville de La Riche. Aménageur dans le cas présent signifie qu’Icade vend les parcelles à d’autres promoteurs et ne construit pas l’ensemble des programmes. Mais il fixe les règles d’aménagement et le cahier des charges des constructions à venir que doivent respecter les promoteurs pour garantir la cohérence urbanistique et environnementale de l’ensemble du quartier et son intégration dans la ville environnante.
Dormir la fenêtre ouverte
La ZAC de 15 hectares, qui doit accueillir 1.200 logements (dont 15 % de logements sociaux) pour environ 2.500 habitants à l’horizon 2026, est passée sous compétence métropolitaine en 2020 car l’intérêt communautaire a été reconnu, à la fois parce qu’il s’agit d’un nouveau quartier et qu’il est traversé par le tramway, véritable outil d’aménagement urbain dans ce cas. Pour aborder cette nouvelle phase, l’aménageur a fait appel à un cabinet conseil en urbanisme et architecture, spécialisé dans la conception de la ville contemporaine. L’Atelier LAQ (pour l’Amour des Quartiers) a fait ses preuves sur l’île de Nantes notamment. Claire Schorter, sa fondatrice, a une vision claire de la ville du 21e siècle. Au-delà des normes de construction environnementales et des différents labels à respecter, cette ville du futur doit appliquer quelques principes intangibles comme des logements traversants avec une double exposition, des extérieurs praticables à chaque logement « où l’objectif est de dormir la fenêtre ouverte… »
Pour cela, et en s’inspirant de l’urbanisme typique de certaines villes maraîchères comme le fut La Riche autrefois - qui a longtemps été le potager de Tours -, l’atelier LAQ remet au goût du jour les venelles, ces petites artères que l’on trouve encore parfois entre les jardins ouvriers. L’idée est donc d’organiser les constructions le long de ces venelles et d’alterner avec des bandes végétalisées, espaces verts, jardins ou potagers, de façon à retrouver le calme des zones maraîchères d’antan. Avec un accès des voitures jusqu’aux logements mais à vitesse réduite et, surtout, sans parking souterrain. « Au-delà du fait que nous sommes ici en zone inondable, le problème des parkings souterrains, c’est qu’ils figent la ville, explique Claire Schorter. Si, au bout de quelques décennies, on veut remplacer le bâti pour quelque raison que ce soit, on se retrouve devant une fosse en béton difficile à réutiliser. Pour le renouvellement urbain du futur, il faut penser les nouvelles constructions en matériaux biosourcés, plus facilement retraitables… »
La première avenue de la Métropole sans voiture
Le nouveau quartier fera donc aussi la part belle aux circulations douces, pas question qu’il soit traversé par un axe trop passant ou trop bruyant. « Nous avons l’ambition de faire de ce premier écoquartier métropolitain un modèle pour le futur, se félicite Wilfried Schwartz, président de la Métropole et maire de La Riche. « L’avenue Pierre Mendès-France, qui traverse le quartier, sera ainsi la première avenue de la Métropole sans voiture, conçue pour le tramway et les mobilités douces ».
Cela s’accompagne évidemment d’une végétalisation importante des espaces publics. Mais au-delà du périmètre de la ZAC, le projet est pensé aussi pour s’insérer dans la ville alentour. C’est ainsi qu’une ouverture du quartier vers le château du Plessis, l’ancienne demeure de Louis XI située un peu plus au sud, est prévue. De même qu’est prévue une liaison douce et végétalisée vers la mairie et le centre-ville, de façon à permettre aux habitants de circuler facilement dans la ville qui se veut ville-jardin, évitant ainsi que le Plessis Botanique ne soit un îlot de verdure isolé ou coupé du reste de La Riche…