En raison de la crise sanitaire qui a bloqué les constructions pendant 2 mois au printemps,
le marché du neuf s’est tendu : les ventes ont continué, même sur un rythme moins soutenu, alors que les mises en chantier étaient à l’arrêt… À Tours, le marché a mieux résisté qu’au niveau national avec 30 % « seulement » de baisse des ventes, et la pénurie guette aussi…
Au cours du 2e trimestre, pendant le confinement, les ventes dans le neuf (essentiellement des appartements) ont chuté de 30 % sur Tours, une baisse bien inférieure à la moyenne nationale (- 51 %) et aux autres grands pôles régionaux que sont Orléans (- 44 %) et Chartres (- 85 %). « Après deux semaines d’arrêt total au début du confinement, les ventes ont bien repris à distance, confirme ce promoteur tourangeau. Les clients ont profité d’être bloqués chez eux pour finaliser leur projet immobilier, l’activité s’est quand même bien tenue… Le problème aujourd’hui, ce sont les livraisons et les mises en chantier qui ont pris du retard. Si on ne met pas un coup de boost sur les permis de construire, on n’aura bientôt plus rien à vendre sur Tours… »
L’offre d’appartements, soit la mise à disposition des biens terminés, diminue logiquement. D’une part parce qu’à la sortie du confinement, si les chantiers ont repris, ils avancent moins vite en raison du protocole sanitaire qui limite le nombre d’ouvriers sur les sites et empêche les différents corps de métiers de travailler ensemble. D’autre part, parce qu’à la crise sanitaire s’est ajoutée l’incertitude politique puis en juin ont eu lieu les élections municipales, une période toujours particulière pendant laquelle les décisions sont en souffrance. Les promoteurs tourangeaux attendent d’ailleurs de rencontrer la nouvelle municipalité pour savoir quelle est sa position en matière d’urbanisme et de promotion immobilière.
Déficit chronique de logements
« Mais nous sommes dans un secteur à forte inertie, explique Olivier Henry, le président d’Ocelor, l’Observatoire du logement neuf Centre Loire, émanation de la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers). Un immeuble ne sort pas de terre en quelques mois. Il faut compter 15 à 18 mois pour monter le projet et autant pour la construction. Le retard que nous accumulons aujourd’hui, nous ne le rattraperons pas d’un coup de baguette magique, nous attendons des mesures de la part de l’État pour soutenir la construction, sinon 2021 sera encore plus difficile. Au-delà des volumes, il y a aussi les enjeux environnementaux car nous sommes engagés sur des nouvelles normes pour la ville durable à laquelle tout le monde aspire, c’est un impératif de renouveler le parc… »
La profession, qui considère que la promotion immobilière est la grande oubliée du plan de relance présent début septembre, attend donc de la prochaine loi de finances 2021 un engagement du Gouvernement pour relancer les constructions. La prolongation des dispositifs Pinel (défiscalisation pour l’achat d’un logement neuf destiné à la location) et du PTZ (prêt à taux 0) pour favoriser l’accession à la propriété des primo-accédants sous condition de ressources, est espérée au-delà de 2021 afin de soutenir un secteur fragilisé. Car si les promoteurs n’ont plus de biens à vendre, ils n’auront pas non plus les moyens de financer les projets de demain. Si le secteur est à l’arrêt, on risque de voir les logements neufs se raréfier encore plus alors que la France est déjà en déficit chronique de logements depuis des années…