Une semaine avant le retour de la gauche écologiste dans l’exécutif métropolitain acté par le vote le 17 mars dernier, un maire, concerné au premier chef par ce remaniement, expliquait ainsi ce revirement : « Augis préfère travailler avec Emmanuel Denis, même s’ils ne sont pas du même bord politique, qu’avec certains de ses “amis” politiques avec qui c’est très tendu… » On ne pensait pas que cette confidence serait prémonitoire et que, quelques semaines plus tard, les dissensions éclateraient au grand jour dans un flot d’invectives ponctué par un « sale Portugais » qui n’a pas fini de faire des dégâts…
D’un côté donc Frédéric Augis, fils spirituel de Philippe Briand, baron de la droite LR, maire de Saint-Cyr et ancien président de la Métropole ; de l’autre, Cédric de Oliveira, fils spirituel de Jean-Gérard Paumier, président du Conseil départemental dont le maire de Fondettes est aussi élu et chef du groupe de la majorité. Deux écuries, deux philosophies, deux stratégies, deux terrains d’enjeux politiques importants… Sur le terrain métropolitain, le retour de la gauche écologiste dans l’exécutif souhaité par Frédéric Augis ne fait pas l’unanimité. En particulier auprès des « Paumiéristes » qui ont face à eux au Département des représentants de cette opposition très combatifs. Et faire de la place à des élus verts et roses de la ville de Tours passe mal auprès des élus ruraux du Conseil départemental.
« Briandistes » contre « Paumiéristes »
Malgré tout, la querelle aurait plutôt porté sur la création – souhaitée par Augis, repoussée par de Oliveira – d’un groupe de la majorité de droite au sein du conseil métropolitain. Et là on rejoint le second terrain d’enjeux : le département et le scrutin des sénatoriales qui aura lieu en septembre. Sur l’échiquier politique départemental, remettre ainsi en selle la gauche à la Métropole pourrait lui donner des ailes pour les sénatoriales où elle peut remporter un siège au détriment de la droite qui réalise actuellement le tiercé gagnant (Babary, Louault, Raimond-Pavero). Et sur l’échiquier de la droite locale, la rivalité Augis-de Oliveira symbolise aussi l’opposition entre deux courants pour imposer son candidat à la succession de Pierre Louault qui ne se représenta pas. Son fils, Vincent, conseiller départemental, maire de Cicogné, s’est déclaré candidat à la succession de son père. Mais Jean-Gérard Paumier ne se laisserait-il pas tenter par l’aventure ? Et en cas d’élection, la présidence du Département pourrait revenir à Cédric de Oliveira… On le voit, les enjeux de cette dispute sont multiples…
En attendant, Frédéric Augis s’est excusé par retour de courrier auprès de Cédric de Oliveira qui n’a pas porté plainte. Les choses pourraient donc en rester là sur le plan judiciaire sauf si l’insulte était considérée comme raciste, ce qui relèverait alors du délit et pourrait voir la justice se saisir de l’affaire. Tout peut donc rentrer dans l’ordre, la droite vaquer à ses divisions jusqu’aux sénatoriales et la Métropole se remettre au travail sereinement. Mais si l’affaire devait avoir une suite judiciaire, c’est à nouveau la Métropole qui serait fragilisée. Après l’affaire de « la gifle », celle du « sale Portugais » serait vraiment du plus mauvais effet auprès des Tourangeaux déjà très agacés par ce triste feuilleton…
