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Quel avenir pour la gare routière de la rue Édouard-Vaillant ?

Quel avenir pour la gare routière de la rue Édouard-Vaillant ?

À l’approche des fêtes, les déplacements vont se faire plus fréquents. Si certains choisiront le train ou la voiture, d’autres préféreront l’autocar pour rendre visite à leurs proches. À Tours, l’accueil de ces voyageurs se fait dans des conditions peu décentes sur le parking des Peupliers situé rue Edouard-Vaillant. Alors qu’une réflexion est impérative pour repenser l’accueil pour ce mode de transport qui a connu un fort développement ces dernières années, certaines améliorations doivent être apportées urgemment car « l’équipement » actuel n’est pas digne d’une ville comme Tours !
Par mathis navard, animateur du blog tramdetours.net, et alain devineau, ancien adjoint à l’urbanisme, pilote de la 1ère ligne de tramway de tours.

Durant longtemps, les autocars des sociétés transnationales (Eurolines, Flixbus…) n’étaient pas autorisés à réaliser des dessertes entre différentes villes françaises. Ce phénomène, aussi appelé « cabotage », a été rendu possible au niveau européen à partir de 2009. La loi dite « Macron » de 2015 a supprimé les dernières clauses contraignantes en ouvrant ce marché à la concurrence. Résultat, la création de nouvelles liaisons à bas coût a entraîné une véritable explosion du trafic. Selon l’autorité de régulation des transports, il a été multiplié par 27 en moins de quatre ans. Fragilisé un temps par la période Covid, il reprend désormais son essor.

Une halte classée 114e sur 116 à l’échelle nationale !

Hélas, les infrastructures censées accueillir ces nouveaux flux n’ont pas suivi. À Tours, les voyageurs ne disposent en réalité d’aucune gare routière. En lieu et place, une aire de stationnement équipée d’un abribus, de toilettes à la propreté douteuse (quand elles sont ouvertes) et de trois bancs ajoutés récemment. Autant dire que le parking des Peupliers de la rue Edouard-Vaillant fait peine à voir. De telles conditions d’attente ne sont pas acceptables et donnent une première impression des plus négatives de notre cité. En 2017, un classement relatif à la qualité de service de toutes les haltes françaises lui attribuait la 114e place sur 116 au plan national !

Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour le comprendre, il faut se rappeler que cette emprise aménagée à la fin des années 1960 devait originellement être utilisée pour garer les autocars du réseau interurbain départemental. Un petit bâtiment y fut construit par Eurolines durant la seconde moitié des années 1980 pour implanter son agence commerciale. S’il répondait à la demande de l’époque, il est aujourd’hui obsolète et n’est plus la propriété de cette société.

Améliorer rapidement le confort des voyageurs

Face à cette situation, des mesures d’urgence doivent être prises par le Syndicat des Mobilités de Touraine, en charge de la politique des mobilités pour le compte de Tours Métropole. Dans un premier temps, il semble indispensable d’améliorer l’attente des voyageurs en faisant un minimum d’investissements. Plusieurs toilettes décemment entretenues devraient être mises à leur disposition. En outre, l’installation de nouveaux abribus permettrait à davantage de personnes de se protéger en cas de mauvais temps. Nous pourrions également imaginer l’implantation d’ombrières photovoltaïques permettant de produire de l’électricité tout en les protégeant des intempéries. Ces projets bénéficient d’un cadre légal favorable qui s’accompagne souvent d’aides financières. Enfin, la mise à disposition d’un distributeur de produits alimentaires et de première nécessité viendrait compléter ce panel de prestations qui font défaut à l’heure actuelle.

Bien que nécessaires, ces interventions palliatives ne seront pas suffisantes pour assurer sa pérennisation. Une réflexion sur le plus long terme doit être menée. La situation même du parking des Peupliers ne s’avère pas idéale. En plus d’engorger la circulation dans le centre-ville de Tours, ce flux d’autocars génère une pollution importante pour les riverains. Envisagée depuis plusieurs années, la construction d’une véritable gare routière à proximité de l’aéroport doit être étudiée. Cela permettrait de créer une véritable plateforme intermodale idéalement connectée à l’autoroute A 10, d’où provient l’intégralité de ces autocars. La stratégie « quai-à-quai » est déjà largement plébiscitée par nos voisins européens et nord-américains. Les gares routières y sont souvent de véritables lieux de vie où les espaces d’attente chauffés côtoient boutiques et bureaux commerciaux. En France, la mutualisation réussie opérée sur le site de l’aéroport de Biarritz - Pays basque est un exemple intéressant.

Un nouvel équipement sur le site de l’aéroport ?

Elle constituerait également un argument de taille pour prolonger la ligne A de tramway jusqu’à l’aérogare en mettant ainsi les voyageurs à moins de 20 minutes de l’hypercentre de Tours. Rappelons que cette extension a été « mise en pause » du projet de 2e ligne il y a un an, sans que nous connaissions depuis le sort qui lui sera réservé.

S’il s’agit bien évidemment d’un équipement coûteux, il serait malgré tout en mesure de consolider le modèle économique de l’aéroport de Tours dont l’avenir à long terme demeure incertain. En effet, chaque autocariste pénétrant dans l’enceinte aéroportuaire devrait s’acquitter d’une taxe aérienne qui serait perçue par le syndicat mixte pour l’aménagement et le développement de l’aéroport international de Tours-Val de Loire (SMADAIT). Elle améliorerait ainsi l’équilibre financier gage de pérennité pour cette infrastructure. Les usages à venir des terrains libérés par le départ de la base aérienne 705 n’ayant pas encore été définis, la disponibilité du foncier ne semble pas non plus être un problème. Pour que ce projet voie le jour à moyen terme, il est urgent d’engager une réflexion dès à présent.

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