Le réalisateur aux quelque 30 films et autant de millions d’entrées, a passé toute sa jeunesse à Tours, rue Traversière. Il est repassé mi-mars par la Touraine, à L’Auberge de la Treille de Saint-Martin-le-Beau, pour présenter son dernier roman, Monsieur Bouboule. L’occasion de rencontrer ce « touche-à-tout » de talent, réalisateur, cadreur, scénariste de films et de BD, metteur en scène de thé-tre et romancier donc… à la fois drôle et touchant !
Il parle volontiers de sa jeunesse à Tours, entre la maison familiale de la rue Traversière et le lycée Descartes où il a fait tout sa scolarité – « un lycée de garçons uniquement, ça a changé l’année où j’en suis parti » – ; des dernières visites à ses parents. Puis les liens avec la ville qui se distendent après leur disparition. Il en parle volontiers car, plus que tout, il aime raconter. Le réalisateur aux 30 films, l’un des plus populaires du cinéma français, a l’élégance et la politesse des grands : il ne se met pas en avant et cache son formidable talent couronné par d’innombrables succès derrière un humour bon enfant. Pas d’ego boursouflé, de condescendance mal dissimulée ou de fausse modestie affectée avec lui, juste un moment d’échanges, léger, pétillant comme ce jeune homme de bientôt 75 ans. Le réalisateur, de retour en haut de l’affiche avec son Maigret sorti en février, est d’une espièglerie rafraîchissante, un jeune homme toujours partant pour raconter une histoire mais qui ne se la raconte pas. C’est en effet un formidable raconteur qui se livre. On le savait à travers ses œuvres, on le découvre en direct…Que ce soit en films, films d’animation, mises en scène de thé-tre, BD ou en livres, il a passé toute sa vie à raconter. Il a écrit, seul ou avec un co-auteur, tous les scénarios de ses films, sauf un auquel il n’a pas touché une virgule tant l’histoire était comme il aurait voulu la raconter, l’un de ses plus grands succès, Ridicule. C’est son métier et il n’a pas l’intention d’arrêter de sitôt puisqu’il travaille sur une mini-série pour une plateforme. « Il y a des choses, des gens, des situations qui me touchent et j’ai envie de les partager avec d’autres parce que j’ai la faiblesse de croire que les choses qui me touchent vont aussi toucher les autres, mon moteur, c’est le partage… » Et depuis plus de cinquante ans maintenant, il nous en a fait vivre de sacrés beaux moments, de la saga des Bronzés en trois volets à son dernier Maigret incarné par Depardieu, la filmographie est impressionnante : Tandem, Monsieur Hire, Le Mari de la coiffeuse, La Fille sur le pont, Ridicule… Son œuvre littéraire est certes moins imposante mais ceux qui aiment quand Leconte raconte retrouveront son talent, comme dans son dernier roman Monsieur Bouboule (Éditions Artaud), une fable émouvante.
Gérard Depardieu, le « petit dernier » qu’il a dirigé
Ce monsieur pourrait susciter l’ire, il est énervant, il a tous les talents et, en plus, il est charmant, sensible et marrant quand il raconte les anecdotes sur ses succès et ses échecs (car il aussi connu quelques fours retentissants) et la formidable pléiade d’acteurs qu’il a dirigés : la bande du Splendid des Jugnot, Lhermitte, Blanc, Clavier, Balasko et consorts, Gérard Lanvin, Jean Rochefort, Fabrice Lucchini, Daniel Auteuil et Vanessa Paradis (« deux immenses talents ») et, bien sûr, Gérard Depardieu. C’est la première fois que ces deux « monstres sacrés » travaillaient ensemble. « On ne se connaissait même pas, explique la réalisateur. On raconte beaucoup de choses sur Gérard en ce moment, mais ce qu’il faut rappeler, c’est que c’est un immense acteur, peut-être le plus grand, et que travailler avec lui a été un bonheur de tous les instants. Dès que la caméra tourne, la magie opère, c’est impressionnant… Comme tous les immenses artistes, il a ses faiblesses ou ses maladresses, souvent pour se protéger d’ailleurs car on n’imagine pas ce que c’est d’être une telle star, mais sa carrière parle pour lui, quel talent… »
C’est son dernier roman qui lui a donné l’occasion de repasser par la Touraine. Lui qui fut en septembre 2017 le 100e auteur invité lors des rencontres culturelles de L’Auberge de la Treille à Saint-Martin-le-Beau, est revenu en ce mois de mars. Fidèle au lieu et à ses gérants, Christophe et Jean-Marie, retrouvant la Touraine avec plaisir même s’il n’y a pas d’attaches depuis la mort de ses parents. Il préfère naviguer de Paris où il travaille, à la côte normande et au sud de la France « où l’on peut mettre plus facilement un t-shirt ». Encore un petit clin d’œil du facétieux réalisateur à sa Touraine d’origine. N’en rajoutez plus, Leconte est bon, excellent même quand il conte des histoires et quand il se raconte ! Alors, il faut en profiter, il y a actuellement deux de ses histoires à déguster, l’une sur les écrans, l’autre en librairie. Leconte doublement bon !