Un tramway aussi à l’aise en ville qu’à la campagne
Un tram-train est un véhicule ferré qui circule à la fois sur des voies de tramway en milieu urbain et sur le réseau ferroviaire classique. Le meilleur du tramway et du train réuni en quelque sorte. Il évite ainsi d’inutiles correspondances entre ces deux modes de transport qui ne font plus qu’un en un format hybride. En France, seule Mulhouse peut se targuer de proposer un tel service, avec sa ligne qui irrigue la vallée de la Thur depuis 2010.
Un tram-train, sur le modèle mulhousien, n’est pas adapté à toutes les agglomérations. En effet, le territoire doit être doté d’infrastructures ferroviaires qui irriguent ses principaux pôles d’activité. L’Indre-et-Loire dispose de cette chance unique, avec pas moins de huit branches au départ de Tours et qui rejoignent les autres villes du département. C’est ce que l’on nomme l’étoile ferroviaire. Dans son corridor, on y trouve 84 % de la population (506 400 habitants), dont 86 % des actifs (212 000 habitants), 90 % des emplois (218 600 habitants) et 80 % des logements (247 500 habitants) selon l’étude menée par l’Agence d’Urbanisme de Tours (ATU) en 2017. Les antennes d’Amboise, Bléré, Loches et Château-Renault sont les plus dynamiques.
Tours fait donc partie des rares villes françaises à disposer d’un réseau déjà existant qui peut être adapté rapidement avec quelques travaux structurants. Cette solution a été intégrée dès 2013 dans le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT). Cette même année, le PLU de la ville de Tours décidait de réserver une emprise foncière suffisante pour la création d’une station de tram-train à hauteur du carrefour de Verdun.
Vers un réseau express de mobilité tourangeau
La création d’un arrêt à l’entrée sud de la ville de Tours permettrait d’éviter des correspondances inutiles aux utilisateurs ne souhaitant pas se rendre dans le centre-ville. Elle serait complétée par de nouvelles stations à créer sur la commune de La Riche – entre le prieuré Saint-Cosme et la piscine Carré d’Ô – ainsi qu’à La Ville-aux-Dames. Dans certains cas, la réouverture d’anciennes gares serait suffisante. Citons par exemple celle de Fondettes-Saint-Cyr qui n’accueille plus de voyageurs depuis une vingtaine d’années. Le trajet vers Tours-Centre ne prendrait alors que 5 minutes à son départ. Un temps de trajet qu’aucun autre mode de transport ne peut égaler.
Le tram-train est également en mesure de développer des liaisons directes de périphérie à périphérie. En ce sens, il est possible de parler wd’un véritable réseau express de mobilité tourangeau. Il comporterait des correspondances avec les grandes lignes de train et les TGV. À court terme, une amélioration des fréquences TER sur les axes de Loches, Chinon, Blois, Vier-zon et Saumur constituerait un premier signal encourageant.
Comme tout mode de déplacement, le tram-train est un puissant outil d’urbanisme. Il est en capacité de limiter l’étalement urbain en restructurant nos villes autour des gares, un lieu de prédilection pour l’intermodalité. En s’inspirant des modèles néerlandais ou danois, il deviendrait alors beaucoup plus aisé de s’y rendre à vélo, à pied ou en covoiturant en proposant des services adaptés (stationnements sécurisés, commerces…).
Un investissement relativement modéré
Contrairement aux idées reçues, la création d’un réseau de tram-train présente un rapport qualité-prix imbattable. La ligne mulhousienne de 22 kilomètres a coûté 84 M€. Une somme à mettre en perspective avec les investissements routiers souvent lourds ou les 500 M€ prévus pour la 2e ligne de tramway de Tours. Cette facture modérée s’explique par la préexistence de la quasi-totalité des infrastructures ferroviaires. Elles voient déjà circuler quotidiennement des trains. Il s’agirait d’optimiser ces équipements en exploitant pleinement leur potentiel.
Dans le cas de l’Indre-et-Loire, seuls 600 mètres de rails seraient à installer au sud de Joué-lès-Tours entre l’actuel terminus de la ligne A « Jean Monnet » et la ligne SNCF Tours-Loches. Les habitants de la vallée de l’Indre seraient ainsi reliés en quelques dizaines de minutes à la métropole tourangelle. La réciproque est également vraie. D’autres travaux, à l’incidence budgétaire minime, sont à prévoir : création de voies de retournement en gare, connexions des lignes de tram avec les voies ferrées, adaptation des quais pour des gabarits de tram-train…
Des techniques qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres territoires.
Depuis 2010, Alstom propose un véhicule spécialement conçu pour les dessertes tram-train. 97 exemplaires de ce modèle, baptisé « Dualis », circulent actuellement en France. Il a pour principal atout de proposer une motorisation hybride lui permettant de fonctionner aussi bien sur les axes électrifiés que sur ceux qui ne le sont pas. Sur les huit branches tourangelles, quatre sont dans ce cas de figure.
Dans un souci d’efficacité, la maîtrise d’ouvrage d’un tel projet doit être unique. La multiplication des intervenants aurait pour unique effet de complexifier sa réalisation. En toute logique, le pilotage doit être confié à l’autorité organisatrice de la mobilité. Outil précieux, les contrats de réciprocité entre les différentes intercommunalités d’Indre-et-Loire devront également être mobilisés.
La promesse d’un « big bang » des mobilités en Touraine
Vous l’aurez compris, la mise en place d’un réseau de tram-train en Touraine provoquerait un « big bang » des mobilités. Lorsque nous savons qu’aujourd’hui encore 81 % des kilomètres parcourus sur notre territoire le sont en voiture – contre 15 % pour les transports en commun et 4 % pour les modes actifs (vélos et piétons) – son potentiel est spectaculaire. Avec une tarification attractive et harmonisée, le réseau express de mobilité tourangeau est en capacité de sortir plusieurs centaines de milliers de citoyens de leur dépendance à l’automobile avec toutes les conséquences économiques, sociales et écologiques que cela suppose. Au-delà des trajets du quotidien, le tram-train constituerait également un levier de développement majeur pour l’attractivité touristique de notre département. Il n’aura jamais été aussi simple de se déplacer au sein de notre territoire, dans les principaux centres urbains comme dans les espaces ruraux.