Je pense qu’au 1er trimestre 2021, on y verra plus clair, mais les indicateurs en région Centre sont plutôt positifs », rapporte Erik Perrault, délégué régional pour la région Centre-Val de Loire de Scop Fr, la fédération des Scop. « Les demandes de prêts garantis par l’État (PGE) ont été faites assez tard par les entreprises. Mais il faut préciser que dans une situation incertaine, prendre la décision d’un endettement était difficile. Sur 80 Scop dans la région, une quinzaine ont eu recours au PGE, surtout requis pour préparer un redémarrage. » Aucune n’a fait l’objet d’une sauvegarde ou d’une liquidation judiciaire. Point fort des Scop : un réseau protecteur qui, outre des ateliers thématiques et du coaching à distance, propose un Prêt participatif d’entraide et solidaire (Pps), grâce à un fonds dédié. Là encore, les demandes ne traduisent pas d’affolement particulier puisque trois dossiers seulement avaient été déposés à fin octobre. Mais c’était avant le 2e confinement de novembre dont on ne mesurera pas les effets avant plusieurs semaines…
Un prêt en deux jours
À Montbazon, la Scop Cetil – 48 salariés, 40 ans d’existence –, spécialisée en chaudronnerie et tôlerie, qui compte ses clients dans le ferroviaire, les chariots de manutention ou les ascenseurs, a dû, comme toutes les entreprises, composer avec le confinement et les gestes barrières. « Mais nous n’avons pas arrêté, rapporte Frédéric Le Bret, président de la Scop, car nos clients, pour la plupart, nous demandaient de les livrer. Et comme nous ne nous fournissons pas tellement à l’étranger, nous n’avons pas eu trop de problèmes d’approvisionnement. » Descendue à 50 % le premier mois de confinement, l’activité de l’entreprise est remontée à plus de 60 % ensuite, permettant ainsi de maintenir un flux de trésorerie. « Nous avons dû utiliser le report de cotisations permis par le Gouvernement, et un peu de chômage partiel, mais nous fonctionnons avec nos fonds propres, constitués à 50 % par nos réserves. Nous avons également bénéficié d’un Pps du réseau des Scop, que nous avons obtenu dans un délai de deux ou trois jours ! Comme en 2009, si nous n’avions pas eu ces réserves, nous aurions été en grande difficulté. Sans compter que les banquiers sont sensibles à l’existence de ces réserves », poursuit le dirigeant, qui se réjouit également que Cétil ait su, comme en 2009, « être réactive », grâce aux efforts des coopérateurs et au dialogue au sein de la Scop. « Ils sont là, ils sont attachés à leur entreprise, personne n’a été laissé sur la touche, assure-t-il. En temps normal, nous nous réunissons une fois par trimestre. Maintenant, c’est tous les mois, avec les chaises au milieu de l’atelier. » L’activité de l’entreprise est aujourd’hui remontée au dessus des 80 %. Quant à l’avenir, « nous essayons d’être très dynamiques sur notre politique commerciale et nous travaillons sur la diversification pour prendre de la charge sur le premier trimestre, notamment avec des produits haut de gamme. On se défend », assure le président.
Dans la région, une dizaine de Scop sont en cours de création, à divers stades. En Indre-et-Loire, ce sont, par exemple, un projet de collecte à vélo et de valorisation de déchets, une résidence hôtelière à vocation sociale, un restaurant d’entreprise d’insertion ou encore une initiative de structuration de filière de consigne de contenants qui devraient voir le jour. Par ailleurs, la délégation Scop du Centre a mis en place, comme dans deux autres régions, un incubateur de projets d’innovation sociale, l’Aletr’incub, dont un tiers sortiront sous statut Scop ou Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), et dont la première promotion naîtra prochainement. « Les Scop ont connu une belle croissance depuis cinq an», confirme Frédéric le Bret. Les jeunes générations cherchent à donner du sens à leur vie professionnelle et nous pouvons leur offrir ça. » Une sérieuse contribution au « monde d’après ».