Depuis six ans, l’association Joie en M-Arche permet aux personnes en situation de handicap mental de se rencontrer. D-ici 2023, elle annonce qu-elle ouvrira une maison communautaire dans l’écoquartier du Hameau, à Saint-Jean-de-Braye.
Aujourd’hui encore, même si la société évolue peu à peu, les troubles mentaux continuent d’exclure ceux qui en souffrent. Au début de l’année 2015, des parents d’enfants en situation de handicap mental, habitant les communes de la métropole d’Orléans, se sont rassemblés en l’association Joie en M-Arche. De manière récurrente, ils organisent des sorties en groupe pour apprendre à se connaître et à tisser des liens. Mais l’objectif a toujours été d’ouvrir « des maisonnées de l’Arche* dans le Loiret ». Sur le territoire, « environ 1 500 places en établissement médico-social » sont déjà proposées par le Département aux personnes en situation de handicap, physique et psychique. Mais pour l’association Joie en M-Arche, « il existe un cruel manque de places pour les personnes de handicap mental ».
Sept résidents, quatre encadrants
Cette année, soutenu par le Conseil départemental du Loiret, la région Centre-Val de Loire, Orléans Métropole ou encore le diocèse d’Orléans, le projet d’habitat partagé et communautaire de l’association est sur le point de se concrétiser au Clos du Hameau, le nouvel écoquartier de Saint-Jean-de-Braye (voir encadré). Deux maisons mitoyennes devraient y être livrées au dernier trimestre 2023. Chacune accueillera sept résidents et quatre encadrants, des assistants et des services civiques. « L-idée est que les personnes en situation de handicap mental puissent vivre seules, en autonomie, dans un studio, tout en partageant leur repas et des activités, sur place, avec d’autres, expliquent plusieurs parents adhérents de l’association. En créant un cadre de vie accueillant, le relais des parents, qui ne sont pas éternels, est assuré. »
Cette attente est grandement partagée par les concernés, comme Arthur et Pauline, pour qui L-Arche est « une grande famille ». Pour eux le projet d’habitat partagé résonne comme une main tendue pour éviter le repli sur soi. Ils souhaitent aider aux t-ches du quotidien, comme la cuisine, mais aussi célébrer les anniversaires, les fêtes de fin d’année, jouer aux jeux de société, aller au musée, toujours ensemble.
Accueillir « la fragilité »
« Regarde-moi, j-ai besoin de toi pour mettre en valeur mes dons » : à plusieurs reprises, cette phrase est énoncée par les membres de l’association Joie en M-Arche, parents comme enfants. Car plus qu-un logement, le projet d’Arche veut créer une véritable communauté familiale et aimante. Les personnes en situation de handicap mental vont y vivre au quotidien avec des assistants. Et cette relation est primordiale : « il faut faire de la place en soi pour accueillir l’autre, estime-t-on au sein de l’association. àtre assistant, c’est aussi accueillir sa fragilité. Vivre aux côtés de personnes vulnérables fait rejaillir ses propres faiblesses ».
Si les assistants veillent au lien avec les familles et au développement individuel de chaque personne, ils n-en tissent pas moins des amitiés fraternelles avec certains résidents, une fois la différence acceptée. Ici, la principale différence est le handicap ; mais elle s-élargit parfois à la différence de tempérament, de religion, de culture. Au sein de L-Arche orléanaise, on affirme que « la rencontre avec des personnes porteuses de handicap transforme le regard et ouvre le cœur à l’accueil des différences ». Des mots qui ouvrent aussi l’esprit.
*Fondée en France en 1964, L-Arche est une association qui créé des lieux où vivent et travaillent ensemble des personnes en situation de handicap mental et leurs aidants (salariés ou volontaires).