Même si la région Centre-Val de Loire est le premier bastion de Martin-Pouret, son savoir-faire artisanal perpétué depuis 1797 n’est pas encore connu de tous les Orléanais. « Nous souhaitons consolider notre position à Orléans, explique ainsi Paul-Olivier Claudepierre, l’un des deux dirigeants du célèbre vinaigrier. Finalement, il y a peu de produits de grande consommation qui sont iconiques dans la région. Et puis, les produits Martin-Pouret restent des produits exceptionnels à des prix abordables. Il faut en effet garder en tête que les vinaigres sont en général réalisés en 48h, tandis que le nôtre est fabriqué en 13 mois. Dans une simple bouteille, il y a du temps… et un savoir-faire vieux de 124 ans. »
Une place au Ritz !
Depuis la reprise en mains de « la belle endormie », comme l’a qualifiée Paul-Olivier Claudepierre, les résultats semblent plutôt bons. Pour la première année de reprise en pleine crise de la Covid-19, le chiffre d’affaires de Martin-Pouret a ainsi augmenté de 13 %, alors que la tendance est estimée à + 33 % pour 2021. « Nous progressons fort, aussi bien en grande distribution que dans les épiceries fines et les cafés, hôtels et restaurants », détaille Paul-Olivier Claudepierre. D’ailleurs, après l’Assemblée nationale, les produits Martin-Pouret se sont dernièrement retrouvés dans un autre lieu prestigieux : le Ritz ! « C’est une vraie source de fierté, mais pas seulement pour nous, pour les Orléanais aussi. Quand on dit la moutarde Pouret, c’est l’inscription »d’Orléans » que l’on voit en premier écrit en gros. C’est un patrimoine gastronomique associé à une ville. » Le duo de dirigeants aimerait donc bien, d’ici cinq ans, avoir conquis tous les placards et frigos de
la métropole.
Développer le « tourisme industriel »
Pour faire face à sa croissance, le dernier vinaigrier d’Orléans, qui emploie quinze personnes aujourd’hui, cherche à recruter deux salariés supplémentaires. « Nous cherchons deux profils : un opérateur de ligne pour faire tourner la production, et un profil plus polyvalent pour travailler sur la partie vinaigrier et moutardier. Il n’y a pas d’école pour cela, on cherche quelqu’un qui souhaite s’investir. Notre maître-vinaigrier apprend encore aujourd’hui, car c’est un matériau vivant », assène Paul-Olivier Claudepierre.
En outre, le déménagement de la vinaigrerie, située aujourd’hui Faubourg Bannier, à Fleury-Les-Aubrais, se précise. Pas question cependant de quitter l’Orléanais pour les deux dirigeants de Martin-Pouret, mais direction plutôt Boigny-sur-Bionne, avec un terrain réservé. « Tout n’est pas encore acté, mais nous avons déjà posé des jalons, déclare Paul-Olivier Claudepierre. Ce n’est pas une immense surface. Nous n’allons pas juste construire une usine moderne, nous allons recréer une vinaigrerie qui sera la même qu’au XVIIIe siècle. Il y aura un espace de production et une belle boutique. L’idée est de pouvoir offrir la possibilité de venir visiter la vinaigrerie lorsque l’on vient visiter Orléans. C’est du tourisme industriel. Mais nous souhaitons également que ce soit un lieu où nos équipes se sentent bien. » Les plans d’architecte sont en cours d’élaboration, et les deux dirigeants espèrent être dans leurs murs d’ici trois ans. Si aucun montant n’est avancé, les patrons de Martin-Pouret lâchent néanmoins qu’un tel investissement sera supérieur à leur chiffre d’affaires actuel.