À Ardon, Ikea aura-t-il bientôt de nouveaux voisins ? Si la promesse de vente concernant un magasin Grand Frais sur un petit terrain situé à proximité du géant suédois n’est plus d’actualité, le projet porté par Greenzone sur une autre zone, plus grande, de 7,5 ha, l’est par contre toujours. Et cela pose problème à certaines associations de riverains, notamment celle des habitants d’Orléans-La Source : représentée par Ghislaine Kounowski, conseillère municipale orléanaise PS et candidate à la députation sur la première circonscription du Loiret, cette association a remis en avril une pétition de 800 personnes à Marc Gaudet, le président du Département du Loiret, propriétaire des terrains concernés.
Ces Sourciens voient donc d’un très mauvais œil la possible création d’une nouvelle zone commerciale à Limère, alors que le centre de La Bolière est situé à quelques encablures de là. Ils estiment ce projet « catastrophique pour notre environnement et l’entrée sud d’Orléans ». Pour Ghislaine Kounowski, le déboisement programmé est « aberrant, avec le réchauffement climatique, les directives sur l’eau et l’artificialisation des sols ». Les riverains sourciens doivent rencontrer ceux de Limère, qui ont de leur côté gagné, il y a cinq mois, un recours contre le permis d’aménager de Greenzone. Sauf que depuis, un autre permis d’aménager a été déposé. Un recours a – de nouveau – été lancé par les riverains de Limère… « On est très inquiet de ce qui va se passer, assure Philippe Marcon, président de Limère Résidentiel, association qui rassemble une soixantaine de maisons. Le Conseil départemental a une responsabilité sur l’utilisation de ces terres. » Selon lui, le Département a toute « licence pour stopper ce projet » et pourrait même lancer un appel à projets car, selon Philippe Marcon, les acheteurs ne
manqueraient pas…
Des sous pour le Département
Celui-ci, par l’intermédiaire de Marc Gaudet, justifie de ne pas, aujourd’hui, pouvoir « bloquer la vente. Malgré les recours, l’acquéreur a manifesté la volonté d’acheter le terrain le plus tôt possible. Une annulation du processus entraînerait pour le Département d’importantes pénalités », précise le président du Conseil départemental, qui voit dans ce terrain (et dans un autre, en partie situé à Saint-Cyr-en-Val) un moyen de récupérer au total plus de 8 M€. Des euros sonnants en période de disette contre des terrains « hérités de mes prédécesseurs et dont le Département n’a pas d’utilité » : pour Marc Gaudet, il n’y a pas à tergiverser. Voulant cependant se montrer rassurant, le président du Département renvoie les mécontents vers le maire d’Ardon : « Il ne peut pas y avoir n’importe quoi sur ces terrains. Il y a un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal qui est en cours, les acquéreurs devront s’y conformer, de même qu’au PLUM pour le terrain en partie situé à Saint-Cyr-en-Val ». Une réponse qui ne satisfait pas Philippe Marcon, le président de Limère Résidentiel : « La maîtrise d’ouvrage dans ce dossier est absente. Il faut avoir une réflexion d’ensemble et éviter les découpages, insiste ce dernier. Si l’on observe bien, il y a une trame verte entre le secteur de la Pomme de Pin, Hitachi, le golf, l’université et le Parc Floral. Il ne faut pas faire du bricolage. » Philippe Marcon souligne également la nécessité d’une réflexion sur les accès routiers, car l’allée de la Pomme de Pin serait selon lui déjà utilisée comme un itinéraire bis… : « On nous parle d’une possible résidence étudiante à cet endroit, mais il faut penser la mobilité. Il y aura des besoins de stationnement importants, tout comme pour les personnels et visiteurs pour la résidence seniors qui est prévue. Or, il n’y a même pas de piste cyclable dans ce secteur ! »
Résidence intergénérationnelle et concession Porsche
À l’hôtel de ville d’Ardon, le maire et président de la communauté de communes, Jean-Paul Roche, précise que c’est bien le Plan Local d’Urbanisme qui est toujours en vigueur dans sa commune, le PLU intercommunal devant être achevé fin 2023. « La première demande de permis d’aménager remonte à 2020 et elle a été rejetée, rappelle l’édile. La deuxième demande, avec une surface plancher plus faible, a été autorisée, mais une modification a été demandée… et celle-ci a été encore rejetée. » Depuis le recours, une nouvelle demande « conforme au Code de l’urbanisme et de l’environnement a été faite », affirme Jean-Paul Roche, qui s’étonne que les actions en Justice aient été dirigées à l’encontre de la mairie, alors que les autorisations de défrichement sont du ressort de l’État. Le maire d’Ardon rappelle enfin que ces terrains sont une zone qui a toujours eu vocation à accueillir des activités. « Et il n’y aura pas de zone commerciale sur ces sept hectares ! annonce-t-il. Pour l’heure, un permis de construire a été délivré pour une concession Porsche et n’a pas été contesté. Il y a, sinon, un projet de résidence intergénérationnelle accueillant des seniors et des étudiants : celle-ci préservera la tranquillité de l’allée de la Pomme de Pin. J’ai demandé aussi une entrée au Département au niveau de la RD 2020, car il y aura sinon, à terme, des problèmes pour les activités économiques. » Jean-Paul Roche se dit prêt à rencontrer les riverains mécontents de La Source s’ils le désirent.