Si la réouverture des musées au public est autorisée, le Muséum d’Orléans pour la Biodiversité et l’environnement (MOBE) rouvrira ses portes le 24 avril prochain. En attendant, place à la finition et à l’installation des collections dans les réserves, avec un passage par une drôle de bulle…
Le compte à rebours est lancé jusqu’à l’ouverture du MOBE. Mais avant cela, mercredi dernier, le personnel du MOBE et Aurélie Fortin, de l’entreprise tourangelle 3PA, spécialiste des traitements par « anoxie » contre les insectes nuisibles, ont installé une bulle géante de 175 m3 pour traiter près de 3 000 spécimens des collections du muséum. « Le but est d’effectuer cette opération avant l’installation dans les réserves, explique Laure Danilo, la conservatrice responsable du MOBE. Les infestations peuvent toujours survenir par la suite, mais on limite le risque. Il s’agit ici principalement d’oiseaux, de mammifères et de reptiles, ainsi que de squelettes, car il peut y avoir des restes organiques dessus. On a un gros doute sur certaines pièces en bois et l’on ne sait pas si c’est une infestation en cours ou ancienne. L’an dernier, le printemps a également été propice au développement des insectes. »
D’ailleurs, selon Alexiane Cormel, la responsable de régie des collections des musées d’Orléans, les collections des différents musées sont sous haute surveillance et le recours à l’anoxie n’est pas une première. « Nous avons déjà eu le cas d’un problème sur un coffre Renaissance à l’Hôtel Cabu, indique-t-elle. Pour un muséum, même si l’on croit facilement que la menace vient des insectes qui s’attaquent aux poils, peaux et plumes, il ne faut pas oublier non plus les insectes xylophages, car il y a du bois dans les supports. »
Sous bulle
Cette opération sous anoxie, qui consiste à injecter de l’azote pour chasser l’oxygène, devrait durer un mois, le temps de tuer tous les insectes, larves et œufs. « On pousse la température à 22 °C, une température propice au développement des insectes mais qui n’endommage pas les spécimens, explique Aurélie Fortin, entomologiste spécialisée dans le traitement des œuvres par anoxie. Un tapis étanche a été placé sous les meubles de rangement où sont placées les collections. Nous soudons la b-che avec ce tapis pour former la bulle. »
Auparavant, les collections à traiter ont été installées façon Tetris sur les étagères. Ces collections traitées devraient ensuite créer une sorte d’attraction, car les visiteurs pourront les voir être déplacées vers les réserves. À noter qu’un premier traitement de ce type a déjà été réalisé « en interne » sur les spécimens qui ont pris place dans les collections exposées au public. « Certains spécimens ont aussi été traités en chambre froide, ajoute Laure Danilo. Nous avons également encore 500 m2 de réserve en sous-sol, avec près de 200 000 spécimens, essentiellement des coraux, minéraux et herbiers, qui devraient être traités dans un deuxième temps, a priori plutôt en 2022. »