Le feuilleton ASELQO dure désormais depuis plus de six mois, et les premières révélations, dans les pages de La République du Centre, d’un système de primes hors sol que se serait notamment octroyées l’ancien directeur, Lionel Beaumont. Mis à pied puis licencié, celui-ci est désormais visé par deux plaintes déposées auprès du procureur de la République. Elles émanent à la fois de Bertrand Perrier, ancien président de l’ASELQO, et de Serge Grouard, maire d’Orléans, qui en a fait l’annonce lors du dernier conseil municipal. Il est vrai que l’affaire regarde au premier chef la municipalité, financeur de cette association spécialisée dans l’animation urbaine et sociale à hauteur de 61 %% de ses recettes, ce qui équivaut à une subvention d’environ 3 M€ annuels. La mairie avait d’ailleurs commandé en avril dernier au cabinet In Extenso un audit pour faire le point sur la situation de l’ASELQO. La Ville assure aussi qu’elle resserrait sa surveillance depuis le mois de janvier 2021. Pour preuve, les entretiens menés à l’époque par l’adjoint à la politique de la ville, Hamid Khoutoul, auprès de certaines équipes de l’ASELQO, et qui avaient durement ressenties par ces dernières.
Des « comportements inacceptables »
Le résultat de cet audit diligenté par la mairie, Florent Montillot les a présentées publiquement lors du conseil municipal de jeudi dernier. Aucune révélation n’était à attendre, puisque cette enquête avait déjà été présentée au conseil d’administration de l’ASELQO le 14 décembre 2021. Le cumul des primes qui sont arrivées sur les comptes du directeur général et de ses adjoints ont été rappelées, de même qu’un « lien distendu avec la mairie ». Le cabinet a appelé à une nécessaire « adaptation des statuts », un « travail sur la notoriété » et une meilleure « couverture des territoires » orléanais. Bref, les conclusions de cet audit reprises par Florent Montillot ont donné l’impression qu’il fallait revoir les fondations de la maison ASELQO, mais aussi les murs et la toiture. Le premier maire-adjoint a ainsi eu des mots particulièrement forts, évoquant une association qui avait « pourri par la tête et par le bas ». Visés plus ou moins nommément –outre l’ancien directeur général–, certains membres du CSE qui, selon Florent Montillot, auraient attisé les braises et perturberaient toujours grandement « le climat social » à l’intérieur de l’association. Ces « pressions » auraient notamment eu raison de la patience et des nerfs du directeur des ressources humaines, arrivé en octobre 2021 et à qui Bertrand Perrier, le président de l’ASELQO, indiquait le 21 janvier dernier que sa période d’essai n’était pas renouvelée, tout comme celle de la nouvelle directrice générale, Danièle Soulier. « Le président de l’ASELQO a mis un terme à leurs fonctions sans prévenir personne », lançait publiquement Florent Montillot lors du conseil municipal de jeudi dernier, annonçant dans le même mouvement ce que l’on savait déjà, à savoir que la directrice générale avait finalement été réintégrée… « Et elle est très heureuse de reprendre ses activités ! », assénait Florent Montillot.
Cette pierre envoyée publiquement dans son jardin, Bertrand Perrier l’a assez peu goûtée. Et celui qui a finalement décidé de démissionner de ses fonctions à la présidence de l’ASELQO a souhaité prendre la parole pour livrer sa vérité : « Le 20 janvier au soir, j’ai reçu le DRH de l’association et la directrice générale. Le premier était effondré, il m’a dit : « Je m’en vais, je ne veux pas être titularisé ». La directrice aussi était désespérée. J’ai donc mis fin à leurs contrats, puisque sinon, ils auraient dû démissionner et n’auraient pas eu le droit aux indemnités Pôle Emploi. Florent Montillot me reproche de ne pas l’avoir prévenu ? Depuis le conseil d’administration du 14 décembre dernier, lors duquel j’ai accepté de prolonger ma mission, les services de la mairie travaillent dans leur coin. Florent Montillot a pris seul la décision de ne pas recruter un assistant de gestion demandé par la directrice générale. Et le président dans tout ça, il sert à quoi ? » D’où sa décision, explique-t-il, de démissionner de sa présidence de l’ASELQO. « Je n’avais plus confiance, poursuit Bertrand Perrier. J’estime avoir été manipulé. J’ai été squeezé des engagements que j’avais pris en décembre devant le conseil d’administration, lors duquel nous avions dit qu’il fallait travailler ensemble à l’élaboration d’une stratégie. Mais après ce CA, je n’ai plus entendu parler de rien. En janvier, j’ai vu que la situation recommençait à mal tourner, j’ai essayé de joindre Florent Montillot mais aussi Nathalie Kerrien, la directrice du cabinet du maire, mais je n’ai pas eu de réponses. Cette démission me concernant a fait suite à une série de comportements qui devenaient insupportables. J’avais l’impression d’être une marionnette ».
Quel avenir pour l’ASELQO ?
Interrogé sur ces propos lourds de sens, Florent Montillot indique avoir été « assez mécontent du comportement » de Bertrand Perrier. Ce dernier aurait, selon le premier maire-adjoint, « incité d’autres membres du bureau de l’ASELQO à démissionner, dont le trésorier. Et dans ce cas-là, personne n’aurait alors eu les moyens de signer, les salaires n’auraient pas pu être payés ». « Je démens formellement, je n’ai incité personne à démissionner, s’étrangle Bertrand Perrier. J’ai seulement tenu informés des membres du bureau de la situation, du climat social et du comportement de la mairie que je n’arrivais plus à comprendre. C’est tout ». Toujours est-il qu’en fin de compte, la directrice générale Danièle Soulier a été réintégrée à son poste, avec la promesse, faute d’un assistant de gestion, de pouvoir compter sur l’accompagnement d’un cabinet spécialisé, en l’occurrence… In Extenso. Certains cadres de la mairie, dont la directrice générale adjointe Sophie Ferkatadji, agissent désormais comme « interface » sur ce dossier de l’ASELQO. Par ailleurs, une subvention de 150 000 € (la somme retranchée initialement cette année par la mairie, ndlr)pourra éventuellement être remise au pot, « mais uniquement pour des actions, pas pour des actions supports, », prévient Florent Montillot. Des orientations qui ressemblent à s’y méprendre à une reprise en main de la mairie. De quoi préfigurer une mise en régie de l’association ? Florent Montillot dit « réfléchir davantage à un système de type CCAS, de façon à instaurer un lien ombilical plus fort entre l’ASELQO et la Ville sur les volets stratégiques et financiers ». Visiblement, cela va phosphorer pendant quelques mois et la prochaine réunion du conseil d’administration, prévue en juin prochain. D’ici là, Alex Vagner, qui avait été nommé vice-président de l’ASELQO en décembre dernier, assure la présidence par intérim de l’association.