Aux confins du Loiret et de La Ferté-Saint-Aubin, au sommet de la colline de Godène, non loin du chemin d’Yvoy et de la route des Trays (autrefois l’Estrée qui désigne l’ancienne voie gallo-romaine d’Orléans à Limoges), se niche l’oratoire de Notre-Dame des Trays. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette petite chapelle à laquelle on accède par un chemin de bruyères sous une cathédrale de pins et de bouleaux blancs. Outre les cervidés, il n’est pas rare d’y croiser une famille éteignant sa bougie après une prière. D’ailleurs, les nombreux ex-voto en témoignent. Mais comment cette Vierge en bois polychrome, inscrite à l’inventaire des Monuments historiques, a-t-elle bien pu arriver dans cet écrin solognot ? La Bonne Dame aurait été découverte dans les combles de l’église Saint-Michel, où elle aurait été cachée pendant la Révolution. En 1850, Félix Seurrat de La Boulaye, maire de La Ferté-Saint-Aubin de 1848 à 1888, fit construire cet oratoire et aménager une allée dans sa propriété des Trays. Quand et comment a-t-elle été découverte, et pourquoi a-t-elle été installée aussi loin du bourg ? « Nous n’avons pas trouvé d’explications dans les archives municipales. Nous aimerions bien le savoir ! » commente Michel Clergeau, le président de l’Association pour la connaissance et la sauvegarde du patrimoine fertésien, qui souhaiterait que la statue soit mieux protégée. « On raconte que Félix Seurrat de La Boulaye pouvait voir la chapelle, chaque matin, de chez lui… »
Avec notre regard du XXIe siècle, il est assez tentant de croire que l’édile fertésien s’est accaparé la statue, mais il faut rappeler le contexte de l’époque : Félix Seurrat de La Boulaye appartenait à une famille de la noblesse orléanaise connue pour son engagement dans les œuvres religieuses, et il est notamment le père d’un abbé et d’une religieuse. Dans son carnet de deuil, Le Journal du Loiret du 19 août 1901 le décrit comme « retiré du monde, terminant de la façon la plus édifiante une existence des plus honorables, consacrée tout entière aux bonnes œuvres. »
Miracle solognot
L’emplacement choisi de cet oratoire ne doit rien au hasard, car il est celui également d’une ancienne source vénérée depuis des siècles pour ses vertus thérapeutiques concernant les maladies de peau, comme l’eczéma. On peut d’ailleurs toujours y accéder par un puits en contrebas de l’oratoire (le chemin à votre gauche lorsque vous êtes devant la statue, ndlr). La Vierge des Trays est quant à elle toujours invoquée pour résoudre des problèmes familiaux et du quotidien. Elle fait d’ailleurs l’objet d’un pèlerinage le « dimanche qui suit le 15 août », explique l’abbé Claude Girault, qui a relancé cette tradition à son arrivée dans la paroisse. « Cela fait venir du monde, entre 100 et 200 personnes, dit l’ancien recteur de la cathédrale Sainte-Croix. L’oratoire a été très fréquenté pendant les guerres et les épidémies. Aujourd’hui encore, il attire des personnes qui viennent parfois de plus loin que La Ferté. C’est un miracle que ni la statue ni l’oratoire n’aient jamais été dégradés… » Le curé de La Ferté-Saint-Aubin veille avec la paroisse sur cet oratoire et aimerait le restaurer : « Il s’affaisse…Nous avons rassemblé l’argent nécessaire mais, pour le moment, le propriétaire ne veut pas. » Il ne reste plus qu’à prier…