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La construction freine sous la pression des hausses de prix de l’énergie : TPE-PME du secteur fragilisées

La construction freine sous la pression des hausses de prix de l’énergie : TPE-PME du secteur fragilisées

Quand le bâtiment va, tout va, a-t-on l’habitude d’entendre. Et quand il va moins bien  ? Dans une contexte de hausse continue des prix de l’énergie, Erwan Croixmarie, président de la FFB du Loiret, dresse un constat inquiet sur l’avenir des TPE-PME du secteur, fragilisées par les crises successives. « La construction va freiner, cela ne peut être autrement », explique-t-il à La Tribune Hebdo.
Laurence Boléat
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Erwan Croixmarie, après plusieurs mois de pénurie, quelle est aujourd’hui la situation sur le front des matériaux ?

Nous avons aujourd’hui moins de difficultés d’approvisionnement, mais nous conservons des délais assez longs sur certains produits. C’est d’ailleurs assez surprenant, car ce n’est pas linéaire. Dès que nous achetons des biens avec des moteurs ou de l’électronique, sur des volets roulants par exemple, c’est compliqué, même si nous ne parlons plus de pénurie. Sinon, quelques produits à base d’aluminium, ainsi que les tuiles, posent problème. Mais sur les autres matériaux, comme le bois, il n’y a plus de rupture, bien que les délais se soient allongés en moyenne de 50 %. Même si, je vous l’accorde, le bois n’a en réalité jamais vraiment manqué : il a seulement été vendu à l’export. Mais tout cela est lié à la suractivité de ces derniers mois, qui fait que les industriels ont du mal à honorer leur commande dans les temps. 

Cet effet rattrapage est-il encore lié au gel de l’activité durant les mois de Covid ?

Il a fallu effectivement redémarrer les usines et cela a pris du temps, puis la guerre en Ukraine est arrivée et cela n’aide pas sur certains matériaux comme l’acier. Une partie de l’acier vient d’Europe de l’Est, notamment d’Ukraine, mais aussi d’Asie. Bref, tout cela se cumule et, par conséquent, nous n’avons jamais rattrapé les retards de livraison depuis le Covid. 

Et au niveau des prix, que constatez-vous ?

C’est beaucoup plus compliqué, parce que les situations sont très variables. Les prix de l’acier se sont légèrement tassés, tandis que l’aluminium et le bois sont restés relativement stables. En revanche, sur les matériaux à forte consommation d’énergie, type vitrages ou tuiles, les prix continuent d’exploser, avec des hausses spectaculaires. Lorsque les fournisseurs font leur calcul de coût de l’énergie, nous recevons d’un seul coup une forte augmentation. À titre personnel, mes factures en produits verriers, de chez Saint-Gobain ou autres, ont augmenté de 20 %. 

« Tous les indicateurs sont au rouge… »

Votre propre entreprise – on suppose en compteur jaune – subit forcément la hausse de l’énergie. Comment faites-vous face ?

Nous sommes en effet sur un compteur jaune et nous avons négocié de nouveaux contrats. Pour autant, sur un chiffre d’affaire de 25 M€, d’après les estimations à iso-consommation, nous devrions payer 150 000 € au lieu de 50 000 € par an. Ce sont des chiffres incroyables qui vont être difficilement soutenables pour la plupart des entreprises. Certes, le système de l’amortisseur qui était accessible aux TPE a été étendu aux PME, mais le calcul est si complexe que je suis incapable de savoir quelles économies cela va nous apporter. Le Gouvernement a étendu ces aides, car nous sommes tous touchés. Malheureusement, les informations arrivent tardivement et ne sont pas toujours simples à comprendre. Et les formulaires à envoyer aux fournisseurs d’énergie ont été distribués il y a seulement une semaine…

Au niveau de la Fédération Française du Bâtiment, avez-vous une vision globale des conséquences de la hausse de l’énergie sur les entreprises du Loiret ?

Aujourd’hui, nous communiquons ce formulaire d’amortisseur électrique à tous nos adhérents, parce qu’il est vrai qu’ils n’ont pas tous l’information et il ne faut pas que nos entreprises passent à côté. Mais en toute transparence, il est évident que nous sommes très inquiets, car même avec cet amortisseur, la plupart des petites entreprises ne pourront pas faire face. À ce jour il n’est pas encore possible d’évaluer la casse tant que les factures ne sont pas arrivées. Dans certaines PME, il y a un suivi de comptabilité analytique, mais chez les artisans, le seul court terme, c’est la trésorerie immédiate sur le compte bancaire. L’autre problématique, c’est l’inflation qui, depuis deux ans, ne cesse d’augmenter. Les entreprises sont prises en étau entre tenir les budgets des clients et faire face à des dépenses qui augmentent. Certains projets s’annulent et cela devient un sujet de forte préoccupation.

De ce fait, comment abordez-vous l’année 2023 ?

Tous les indicateurs aujourd’hui sont au rouge. Inflation, taux bancaire, coût de l’énergie, sortie du plan de relance, confiance générale… La construction va freiner, cela ne peut être autrement. Cela est déjà clairement visible sur le logement neuf, avec une baisse des carnets de commandes. Pour le reste, nous ne le ressentons pas encore, parce qu’avec les difficultés de recrutement, nous étions tous en survitesse. Actuellement, nous retrouvons un rythme normal et, avec l’inertie, nous avons en moyenne six à neuf mois de chiffre d’affaires devant nous. Mais ce qui remonte de nos adhérents, c’est une sensation d’incertitude qui crée une grande inquiétude.

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