Jeanne d'Arc, une icône touristique sous-exploitée à Orléans ? | Tribune hebdo - L'actualité du Loiret et de l'Indre et Loire
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Jeanne d’Arc, une icône touristique sous-exploitée à Orléans ?

Jeanne d’Arc, une icône touristique sous-exploitée à Orléans ?

Malgré sa notoriété mondiale, la ville d’Orléans sait-elle réellement tirer parti du rayonnement de Jeanne d’Arc sur le plan touristique ? La Tribune Hebdo compare les initiatives orléanaises à celles de Rouen, une ville qui a su faire de la Pucelle l’un de ses atouts touristiques majeurs. Découvrez les caractéristiques de chaque ville et leur stratégie respective pour mettre en valeur leur figure emblématique.
Gaëla Messerli
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À Rouen, on a peut-être brûlé la Pucelle, mais sur le plan touristique, on sait en tout cas bien utiliser l’histoire de la Libératrice… d’Orléans ! En effet, dans la capitale de Seine-Maritime, l’Historial, qui a coûté 10,6 M€ à la Métropole de Rouen, ne draine pas moins de 400 000 visiteurs par an. « Ce bâtiment était l’ancien archevêché, nous l’avons ouvert au public et l’avons restauré, explique Christine de Cintré, conseillère municipale de Rouen et conseillère métropolitaine déléguée au tourisme. D’ailleurs, l’essentiel du budget de l’Historial a été mis dans la restauration des bâtiments. » L’élue rouennaise explique que cet Historial n’est « pas un musée de Jeanne d’Arc », mais plutôt un « parcours-spectacle immersif ». « C’est une histoire de l’Histoire », résume l’élue normande, en précisant d’ailleurs que le lien avec la libératrice d’Orléans reste douloureux dans cette ville qui abrite la place du bûcher, où est morte la Pucelle…L’an dernier, la municipalité rouennaise a remis en place les fêtes médiévales de Jeanne d’Arc, une promesse de campagne du maire, Nicolas Mayer-Rossignol (PS). « Et cela a marché au-delà des prévisions », témoigne Christine de Cintré. Contrairement à Orléans, où c’est la Ville d’Orléans et l’association Orléans Jeanne d’Arc qui sont aux manettes de l’organisation des fêtes (voir encadré), à Rouen, les animations sont intégralement prises en charge par l’association Vitrines de Rouen, qui rassemble 500 commerçants. « Il y a environ 100 000 € de programmation artistique », estime l’élue. La Ville de Rouen se charge, elle, uniquement de la communication et des barrières de sécurité. « Nous avons eu l’an dernier 160 000 visiteurs en un week-end. Les fêtes ont attiré des visiteurs de Normandie, mais aussi du Nord, de Paris, de Belgique et d’Angleterre. » Christine de Cintré voit dans cet événement un atout pour faire rester une nuitée de plus les touristes. Cette année encore, Rouen réitère d’ailleurs la formule.

Une autre stratégie

À Orléans, la stratégie pour valoriser la figure de la Pucelle est différente. Les Fêtes johanniques de la ville, inscrites au Patrimoine immatériel français, sont une particularité qui rassemble la Mairie, le Diocèse et l’Armée. Une jeune fille est également choisie pour figurer la Libératrice de la ville : une spécificité que l’on ne retrouve pas à Rouen, excepté un office religieux dédié à Jeanne. Côté budget, les Fêtes johanniques orléanaises sont cependant plus coûteuses que celles de Rouen, car pour une année ordinaire comme 2023, il faut compter 730 000 € de budget dans la capitale du Loiret. Preuve que l’image de Jeanne fait recette ici aussi : 21 216 visiteurs ont été dénombrés l’an dernier à la Maison Jeanne d’Arc, soit 8,6 % de plus qu’en 2021. « Il y a un intérêt pour Jeanne d’Arc qu’il faut faire fructifier, reconnaît Olivia Voisin, la directrice des musées d’Orléans. Nous avons recensé 38 nationalités européennes et 20 nationalités hors Europe à la Maison Jeanne d’Arc, ce qui montre son universalité. » En 2023, le lieu a aussi accueilli beaucoup d’Orléanais. « C’est un signe qu’elle intéresse également les locaux, qui souhaitent la redécouvrir », précise Olivia Voisin.

La directrice des musées d’Orléans concède néanmoins que le public peut rester sur sa faim avec le film projeté et l’unique salle de la Maison Jeanne d’Arc, quand bien même un billet acheté donne un droit d’accès aux autres musées dans la journée (un parcours qu’effectuent la majorité des visiteurs, ndlr). « La Maison Jeanne d’Arc n’est pas un Musée de France, mais la reconstitution de la maison où Jeanne a logé à Orléans, rappelle Olivia Voisin. Les gens qui s’attendent à trouver le lit de Jeanne peuvent en effet être déçus. Mais la maison natale de Jeanne, elle est à Domrémy ! »

Ainsi, entre l’Historial de Rouen et la Maison Jeanne d’Arc, la comparaison pourrait s’avérer rude pour Orléans. Mais cette dernière ne se positionne pas sur la même ligne : à Orléans, la Maison Jeanne d’Arc est plutôt vue comme « une entrée en matière ». « Car on retrouve ensuite Jeanne à travers les autres musées d’Orléans, déroule Olivia Voisin. Depuis la rénovation des salles du musée des Beaux-Arts mais aussi de l’hôtel Cabu, Jeanne d’Arc est chez elle à Orléans. Il y a beaucoup à voir sur elle ici. Nous disposons par exemple du premier portrait de Jeanne d’Arc, qui date de la fin du XVIe siècle. » Olivia
Voisin estime toutefois que la création d’une application numérique en lien avec le label Ville d’art et d’histoire serait un bon fil rouge touristique afin de proposer un parcours en autonomie, toute l’année, aux visiteurs. « Rouen a déjà fait un Historial, il n’y a pas d’intérêt d’en faire un à Orléans », rappelle Olivia Voisin, qui veut s’appuyer sur les collections orléanaises. « Nous souhaitons également proposer quelque chose de consistant. »

Un futur « vrai » musée ?

Ainsi, un nouveau conservateur doit être recruté au Centre Jeanne d’Arc pour prendre la suite d’Olivier Bouzy, parti en retraite. Il y aura peut-être aussi matière à repenser l’ouverture de cet endroit, certes « mondialement connu des chercheurs », mais peu du grand public. Il est aussi question de revoir, prochainement, la Maison Jeanne d’Arc, dont le film a donc vieilli et dont « le bâtiment n’est pas accessible, non plus, aux personnes à mobilité réduite ». Jean-Pierre Gabelle, conseiller municipal délégué aux fêtes de Jeanne d’Arc, garde pour sa part espoir d’un musée dédié à Jeanne d’Arc. « Cela pourrait être à l’ordre du jour dans un prochain projet de mandat, car nous avons une Maison Jeanne d’Arc un peu exiguë », reconnaît l’élu, également coprésident de l’association des villes johanniques. Une association qui a d’ailleurs mis en place un « passeport johannique » à tamponner (avec un week-end à gagner dans une ville johannique). Une initiative que Jean-Pierre Gabelle souhaite voir se développer. « De plus en plus de villes s’intéressent au passage de Jeanne d’Arc, assure l’élu orléanais. Regardez près de chez nous, à Chécy, où l’on a relancé des fêtes. Pour beaucoup de communes, la figure de Jeanne reste un atout touristique. » 

 

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