Tous les deux ans, le FRAC Centre-Val de Loire organise sa Biennale d’architecture. Cette année, en septembre prochain, ce n’est pas à Orléans que cet événement aura lieu, mais à Vierzon (Cher). Comment expliquer ce changement de décor ? Région Centre-Val de Loire, mairie d’Orléans et direction du FRAC justifient très diplomatiquement cette délocalisation qui, assurent-ils, n’est pas inscrite dans le marbre.
En septembre prochain, les Orléanais devront se déplacer jusqu’à Vierzon, dans le Cher, pour profiter des expositions et des œuvres proposées par la Biennale d’architecture organisée par le FRAC Centre-Val de Loire. Depuis l’officialisation du « déménagement » de cet événement qui a pris la place d’Archilab dans le calendrier local, les réactions de dépit sont nombreuses au sein du tissu culturel orléanais, se demandant comment et pourquoi la cité johannique laissait échapper cet événement de premier choix. « Le projet artistique avec lequel j’ai été reconduit jusqu’en 2024 et qui a été voté à l’unanimité, y compris par la Ville d’Orléans, était de garder la Biennale à Orléans, pose d’abord le directeur du FRAC et directeur artistique de la Biennale, Abdelkader Damani. Mais il fallait également créer une itinérance en regard de la capitale régionale, car la question de l’équité des territoires se pose, puisque le FRAC appartient à tous les habitants de la région. Il fallait aussi que la Ville d’Orléans s’approprie la Biennale, ce qu’elle n’a pas souhaité. Le FRAC ne touche aucune subvention de la Ville. Pourtant, nous avons eu beaucoup de discussions, mais nos propositions n’ont pas trouvé d’écho… » Lesquelles ? « Dans la continuité des drapeaux conçus par des artistes et architectes lors de la dernière Biennale et exposés rue Jeanne d’Arc, j’avais proposé à la Ville de se lancer dans une collection de drapeaux, précise Abdelkader Damani. J’avais également émis l’idée de rencontres métropolitaines sous forme de pavillons de métropoles au Parc floral de La Source. Barcelone aurait pu être invitée…. Cela aurait créé une émulation. J’aurais aimé également instaurer des résidences d’artistes dans les quartiers. »
La mairie d’Orléans dit non
Que répond la mairie d’Orléans ? Si une convention existe bien entre la Ville et le FRAC, ce document ne concerne pas l’investissement et le fonctionnement de l’établissement. « C’est un fonctionnement au projet, détaille ainsi William Chancerelle, adjoint orléanais à la Culture. Les propositions du FRAC sont de l’art contemporain et ne sont pas toujours simples à faire comprendre au grand public. Cette année, pour la Biennale d’Architecture, il nous était demandé 100 000 € : ce n’est pas une petite somme. Dans le contexte sanitaire compliqué que nous connaissons, nous n’avons pas trouvé de projet faisant absolument sens sur le territoire, comme Archilab en son temps. L’idée des drapeaux proposée par Abdelkader Damani a déjà été utilisée, et elle demandait en outre beaucoup de manutention pour les installer. De notre point de vue, il fallait quelque chose de plus global. Pour notre part, nous avons fait des propositions comme celle d’un accompagnement au niveau architecture à l’Argonne, mais cela n’a pas abouti. Je rappelle que les grands financeurs du FRAC sont l’État et la Région. Le choix a été fait d’irriguer le territoire régional. Nous en avons pris acte, sans difficulté. » À la Région Centre-Val de Loire, on assume ce choix. « Ce n’est pas une déclaration de guerre envers Orléans, assure Carole Canette, vice-présidente du Conseil régional et présidente du conseil d’administration du FRAC. À un moment, Orléans a dit qu’elle ne voulait pas financer cette Biennale. Rien n’oblige à ce que tout se passe à Orléans, sans pour autant que cela soit considéré comme un abandon. Le FRAC ne déserte pas la capitale régionale. »
Amenée à revenir ?
Chacun des acteurs de ce dossier assure que cette décision de délocaliser la Biennale hors d’Orléans n’est pas une décision pérenne… pour le moment. En somme : attendons de voir pour la prochaine édition, prévue en 2024. « Le dialogue n’est pas rompu avec le FRAC, qui a désormais une nouvelle présidente », avance ainsi William Chancerelle. « Personnellement, j’espère qu’il y aura une autre édition de la Biennale à Orléans, lui répond Carole Canette. Nous allons renouer le dialogue avec la Ville d’Orléans. Il faut aussi se donner le temps de se parler. Les villes participent aux frais des biennales. Cela peut être à Orléans ou ailleurs, mais aussi à Orléans et ailleurs… »
Alors que ces derniers mois, une vague de ruptures conventionnelles a été observée au sein du FRAC et étonne de nombreux acteurs, la Ville d’Orléans a-t-elle voulu, en sous-texte, faire passer un message ? Ou bien la mairie a-t-elle aussi voulu dire au FRAC que ses propositions tout au long de l’année n’étaient, selon elles, pas assez reprises par le grand public ? « Les Orléanais connaissent le FRAC et le fréquentent, rappelle à ce sujet Abdelkader Damani. Il y a entre 25 000 et 30 000 visiteurs chaque année. Les soirées du Printemps féministe rassemblent même, chaque soir, près de 150 personnes. » La Ville d’Orléans indique en tout cas très officiellement que le FRAC a totalement sa place dans la cité johannique, encore plus avec la réhabilitation annoncée des mails. « Avec ces travaux, il aura une place plus centrale dans la ville et sera encore plus accessible », veut ainsi croire William Chancerelle.