Il avait envie de « tuer une femme »
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Vendredi dernier, le tribunal judiciaire d’Orléans a condamné à un an de prison ferme un homme de 31 ans pour avoir tenté de tuer une jeune femme, le jour de la Toussaint, rue Royale, à Orléans. Dans le box des accusés, malgré une chute de dix mètres et quatre côtes cassées, le prévenu n’a pas semblé souffrir, mais est apparu plutôt perdu. Ce Soudanais vivant en France depuis 2016 a expliqué, avec de grands gestes et par l’intermédiaire de sa traductrice, ne pas se souvenir d’avoir tenté, à deux reprises, d’étrangler une jeune femme, le 1er novembre, vers 6h du matin. Et encore moins d’avoir sauté du pont Royal en prenant la fuite… « Je me souviens juste d’être assis, avec ma bouteille, et d’avoir dormi près d’une boîte de nuit, où l’on m’avait refusé l’entrée. Je voulais prendre le tram… », a raconté l’homme, avant de conclure : « J’étais vraiment ivre… » L’enquête de personnalité et la vidéosurveillance ont corroboré cette consommation d’alcool excessive, puisque le prévenu boit chaque week-end de la bière et de la vodka « pour oublier ». « Mais oublier quoi ? », lui a demandé la présidente. « Pour passer le temps », a bredouillé cet homme qui a fui la guerre et qui travaillait, il y a quelques mois encore, en intérim. Au RSA, ce réfugié politique vit dans la rue « sauf lorsqu’il est hébergé chez des amis ». Mais surtout, il est en situation régulière (lire encadré), car il dispose d’un titre de séjour valable jusqu’au 27 août 2023. Son casier fait état d’une condamnation pour fraude d’habitude dans les transports à Blois, et une main courante mentionne qu’en novembre 2021, il aurait suivi dans la rue une jeune femme jusqu’à son domicile, à Montargis. Le psychiatre – que le prévenu a pu rencontrer en garde à vue – n’a cependant relevé ni de pathologie psychiatrique ni de troubles pouvant entraîner une dissociation. Dans son rapport, l’expert a cependant précisé qu’il existait un risque de récidive en raison de l’addiction à l’alcool du prévenu.
Une victime « anéantie »
Absente lors de l’audience, la victime, une aide médico-psychologique de 26 ans, était représentée par son avocat. « Ma cliente n’était ni en mesure de venir à l’audience, ni d’être en présence de son agresseur. Elle est anéantie et n’a pas pu encore reprendre le travail », a assuré son conseil, tout en décrivant une jeune femme qui craint désormais de sortir de chez elle. « Elle a eu la peur de sa vie », a insisté le procureur, avant de rappeler la qualification retenue pour les faits, « une violence aggravée envers une personne en raison de son sexe. Mais selon la victime, il n’y a eu aucun attouchement. » En tentant d’étrangler par-derrière la jeune femme qui l’avait poliment éconduit, le prévenu aurait proféré cette phrase lors de l’agression : « Aucune femme ne me veut. J’ai envie de tuer une femme ! » Le procureur a salué la réaction de la victime avant de déplorer l’amnésie totale « tellement facile » du prévenu. Le représentant du Ministère public a requis deux ans de prison, dont un an avec un sursis probatoire de deux ans, une obligation de soins, de travail mais aussi une obligation d’indemniser la victime et d’entrer en contact avec elle. Ces réquisitions ont été suivies par le tribunal, qui a ordonné un maintien en détention. Derrière la vitre, le prévenu, lui, a réaffirmé « ne rien comprendre » à cette affaire…