Comment en est-on arrivé à cette situation ?
Elle provient d’une division dans la majorité due, c’est mon analyse, à une méconnaissance du fonctionnement de l’institution. Même si on est adjoint, on ne peut pas prendre n’importe quelle décision car, en cas de problème, celui qui va au tribunal et qui est condamné le cas échéant, c’est le maire qui délègue son pouvoir aux adjoints, mais qui reste responsable devant la loi. J’ai donc le devoir de contrôler certaines choses et j’ai aussi le droit de dire non à certaines décisions car je ne peux pas dire oui à tout. Ça peut créer des frustrations et avec le temps aller jusqu’à des dissensions pour aboutir à cette situation de blocage dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
Vos anciens colistiers vous reprochent votre façon de gérer la ville, ce qui aurait entraîné leur retrait, que leur répondez-vous ?
Sur ma façon de fonctionner, il y aurait beaucoup à dire sur ce qui m’est reproché mais cela prendrait trop de temps pour expliquer aussi comment fonctionnent certains et ça n’avancerait pas à grand-chose. Ce qui est certain, c’est que nous sommes arrivés aux affaires en juin 2020 en pleine crise sanitaire, avec tous un tas de dossiers à gérer, des réunions à n’en plus finir avec la Préfecture et autres sur les mesures à prendre, les dispositifs de protection dans les écoles, les équipements culturels et sportifs, la mise en place du centre de vaccination ou du dépistage, les masques, etc. Et il est vrai qu’ayant une expérience du fonctionnement des collectivités (NDLR : Thierry Boutard a été notamment attaché parlementaire de la députée Claude Greffe puis coordinateur de la majorité au Conseil départemental), je me suis investi pleinement pour gérer cette crise. Et souvent les décisions du Gouvernement étaient annoncées le jeudi soir pour une mise en place le samedi matin avec ce que cela impliquait pour nous élus comme mobilisation aussi le week-end ! Et depuis il y a la crise sociale et maintenant la crise économique due à la guerre en Ukraine, notamment la crise énergétique, qui nous occupe aussi beaucoup. Pour résumer, on a vécu deux ans sous pression, où il fallait gérer beaucoup de choses dans l’urgence, et la méthode mise en place pour répondre à cette situation n’est sans doute plus adaptée.
Vous reconnaissez vos torts ?
Oui, je peux entendre ce qui est dit sur ma méthode mais quand cela vient d’élus qui ne faisaient pas leur travail, pardonnez-moi aussi d’être surpris. Car je veux bien dialoguer, encore faut-il qu’en face de moi, je trouve des gens pour dialoguer et travailler. Mais bon, le sujet n’est pas là. Le plus important, c’est de trouver des solutions pour sortir de la situation de blocage dans laquelle nous sommes. Je vais proposer une nouvelle méthode de travail aux différents groupes, une méthode très simple : réflexion sur chaque projet avec nos services pour monter le projet puis consultation avec les élus et les différents acteurs concernés et enfin la prise de décision qui sera fonction du résultat de cette consultation. C’est un processus qui va prendre plus de temps et d’énergie mais comme les gens veulent être davantage associés aux décisions, c’est normal de procéder ainsi. Et nous rendrons publics les documents liés à chaque projet, et notamment, en ce qui concerne les élus, les ordres du jour et les comptes rendus des commissions car le gros du travail se fait en commission. Ce sera fait en toute transparence pour que tout un chacun puisse disposer de tous les éléments d’information.
Mais l’action municipale ne se limite pas à des projets, ce nouveau mode de fonctionnement peut-il, doit-il être plus large ?
Il y a deux autres champs principaux pour l’action municipale, d’abord la gestion du quotidien, avec tous les aspects humains, de management, techniques, logistiques et autres que l’on peut rencontrer dans une mairie et ses différents services, et il s’en passe des choses dans une collectivité… Cette gestion quotidienne relève souvent du maire ou de ses adjoints. Et puis il y a la prospective : que veut-on faire de notre ville pour les vingt ou trente ans qui viennent ? Et là aussi on peut élaborer une méthode pour y réfléchir. Je serais prêt, par exemple, à avoir recours au référendum local sur certains sujets importants, ce serait intéressant à étudier et une façon nouvelle d’associer les Amboisiens. Mais quand j’ai parlé d’Amboise 2050 au dernier conseil municipal, certains se sont mis à ricaner. Je comprends qu’il puisse y avoir d’autres priorités mais je pense aussi qu’il faut projeter la ville dans le futur pour élaborer des projets à long terme. L’idée c’est quand même qu’Amboise évolue et les problématiques qui se posent à la Ville comme la gestion de l’eau l’été, l’énergie l’hiver ou les transports et la place de la voiture dans notre ville sont des sujets importants auxquels il faut réfléchir dès maintenant pour y apporter des réponses pertinentes dans quelques années. Oui, la prospective doit faire partie du mandat municipal, il n’y a pas que le quotidien qui doit nous occuper. Et c’est pour cela que l’action municipale demande beaucoup de travail et que tout le monde n’est pas toujours prêt à s’investir autant qu’il faudrait…
Mais si les trois groupes d’opposition refusent cette nouvelle méthode, si le blocage perdure, la Ville sera à l’arrêt. Que se passera-t-il dans ce cas-là ?
Moi je prends mes responsabilités, j’ai entendu le message, je vais proposer cette nouvelle méthode. Chacun devra se positionner et prendre ses responsabilités devant les Amboisiens le moment venu.