Il fait partie de ces artistes héritiers d’une musique écrite il y a plusieurs siècles mais qui nous parle encore aujourd’hui. Patrick Cohën-Akenine est aussi baroque que les notes qui s’échappent de son violon ; aussi à l’aise avec son archet avec les jeunes de l’Aselqo que sur la scène du Printemps des Arts de Monaco : si la musique n’a pas de frontière, cet homme le prouve bien… Comme Mozart – excusez du peu –, c’est à deux ans et demi qu’il commence à vouloir jouer du violon. « Mais j’ai dû patienter jusqu’à quatre ans et demi », se souvient Patrick Cohën-Akenine, qui a finalement forgé, seul, sa culture en matière de musique, puisque sa famille n’était pas musicienne. « J’étais assez doué, mais pas très bien encadré », explique-t-il aujourd’hui avec modestie. Pourtant, arrivé à l’âge des choix, la voie musicale s’impose. Et après des études de violon et de musique de chambre, alors qu’il est violon solo au sein d’un orchestre, il a une révélation « assez tardive » pour la musique ancienne. 

Cette rencontre rejoint celles qu’il fait alors avec François Poly et Béatrice Martin, qui deviendra sa femme. « Nous avons finalement eu le même cheminement et avons attendu que Béatrice finisse ses études » pour créer en 2000 les Folies Françoises. Le trio tire son nom d’une œuvre de Couperin qui donne, avec humour, une couleur à chaque sentiment et à chaque allégorie. De quoi mettre en valeur les particularités de chacun des membres de l’ensemble. « Dans la vie, tout est toujours une histoire de rencontres », estime Patrick Cohën-Akenine, qui nourrit également un amour pour l’Histoire avec un grand “H”. « Il faut dire que j’ai vécu à Marly-le-Roi, où se trouve le château de Versailles… justifie-t-il. On apprend beaucoup de son passé. La culture européenne est riche. »

L’autre raison qui a poussé Patrick Cohën-Akenine dans la voie de la musique ancienne est plutôt d’ordre physiologique : la pratique de l’instrument baroque est en effet « physiquement plus naturelle » pour lui. Un choix qui n’empêche cependant pas l’artiste de vivre avec son temps. « J’aime l’ancien, mais je vis dans le monde moderne ! sourit-il. Actuellement, je prépare une création contemporaine avec Hae-Sun Kang, un violoniste de l’ensemble Intercontemporain. » Si la création vient d’être présentée à Monaco il y a quelques jours, le premier concert sur le sol français sera joué à Orléans. Il s’agit d’un programme rassemblant Jean-Ferry Rebel, avec Les Éléments, Chaos et suites de danses, Jean-Marie Leclair avec Duos, Concerto, Pierre Boulez avec Anthèmes, mais aussi une création de Yan Maresz, rencontre entre le violon moderne et le violon baroque, baptisée Tendances.

Le 25 mars donc, Patrick Cohën-Akenine, qui enseigne à Versailles, jouera sa nouvelle création à domicile. La cité johannique n’est pas qu’un simple port d’attache pour les Folies Françoises : un lien fort existe avec le territoire orléanais. En effet, après une collaboration avec l’ASELQO par le passé, l’ensemble travaille aussi avec les classes à horaires aménagées. « Et nous aimerions bien, à l’avenir, imaginer une intervention au niveau des collèges du département », projette le violoniste. 

La relève est là

Après son concert fin mars au Théâtre, il sera possible de retrouver l’ensemble dans d’autres lieux patrimoniaux de l’Orléanais avec, en bonus, un nouveau membre : Raphaël, le fils de Béatrice Martin et de Patrick Cohën-Akenine. Le jeune homme, âgé de 13 ans, suit en effet les traces familiales et se consacre à la flûte à bec et au hautbois. « C’est un membre de droit, même s’il fait déjà partie d’un autre ensemble avec un claveciniste de Montpellier. Mais il a sa place », lâche son paternel. On pourra ainsi découvrir ce jeune talent le 3 avril, à 20 h 30, lors d’un concert autour de Telemann, au profit de la restauration de l’orgue de l’église de Saint-Denis-en-Val. De là à imaginer une transmission de flambeau à l’avenir ? Il est encore trop tôt, beaucoup trop tôt pour l’imaginer selon Patrick Cohën-Akenine, qui estime que son fils doit suivre sa propre voie. D’ailleurs, lui-même, en bon patriarche, n’est pas prêt à ranger son violon…

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