À Tours, ce sont environ 230 personnes supplémentaires qui ont dû être prises en charge pendant la période de confinement. Si on les ajoute aux quelque 520 places d’hébergement dont nous disposions à la sortie de l’hiver, nous avons mis à l’abri entre 700 et 750 personnes pendant la crise sanitaire ». Au-delà de ce bilan chiffre dressé par Nadia Seghier, secrétaire générale de la Préfecture d’Indre-et-Loire, représentante de l’État donc, qui a la compétence sur la protection et l’accompagnement des publics en grande précarité, la crise sanitaire a nécessité une adaptation des dispositifs d’hébergement d’urgence à cause de ce surcroît de personnes à héberger mais aussi, en raison du confinement qui, de fait, interdisait toute présence à l’extérieur. « Il a fallu garder les lieux d’hébergement ouverts 24 h sur 24 car les personnes ne pouvaient pas circuler ni aller dans les accueils de jour qui étaient aussi fermés, explique Xavier Gabillaud, directeur départemental de la cohésion sociale qui coordonne l’action des différents services et associations en charge de ces publics pour le compte de l’État. Cela a nécessité non seulement une adaptation des ressources humaines pour gérer les lieux nuit et jour, mais aussi la mise en place des mesures sanitaires et des gestes barrières pour protéger à la fois les résidents et les travailleurs sociaux en charge de ces accueils. »

De plus, alors qu’en temps normal, les personnes en situation de précarité, sortent le matin et peuvent changer de lieu d’hébergement d’un jour sur l’autre, pendant la crise sanitaire, ils ont connu une forme de stabilité en restant dans un même lieu. Comme par exemple, au gymnase Racault, mis à disposition par la ville de Tours, qui accueillait un public d’hommes isolés, d’autres lieux étant plus spécifiquement dédiés aux familles ou femmes avec enfant(s). « L’objectif était d’éviter que les résidents ne circulent d’un lieu à l’autre pour qu’on puisse identifier les personnes contact si un cas de Covid était détecté », reprend Xavier Gabillaud. Des cas très peu nombreux au final dans cette population puisque cinq cas ont été détectés et acheminés dans le centre régional prévu pour mettre à l’isolement ces populations et installé à Beaugency dans le Loiret.

Réinsertion et recherche de logements

Mais au-delà des questions sanitaires, vitales pendant cette crise qui a fragilisé davantage encore la population des SDF au sens large, le confinement a eu des aspects positifs pour cette population. Notamment parce que les personnes en grande précarité ont pu se poser dans un endroit plusieurs semaines d’affilée. Cette période a ainsi permis aux associations et travailleurs sociaux de mieux connaître les résidents pour travailler avec eux sur les aspects de réinsertion. « L’hébergement d’urgence ne représente qu’une partie du travail réalisé par les différentes associations, précise Xavier Gabillaud. Il y a aussi un volet logement pour tenter de faire sortir les personnes de la rue, par le haut, si l’on peut dire, en leur trouvant un logement pérenne. Et à ce titre, cette période nous a permis de constater qu’il y avait un gros travail à faire sur les demandes de logements sociaux car, souvent, les personnes peuvent y avoir droit mais ne font pas, ne savent pas ou ne peuvent pas faire les démarches. »

L’autre volet concerne la réinsertion par l’activité professionnelle en travaillant avec les personnes souvent très éloignées du monde du travail à un projet de réinsertion dans la vie active via des structures adaptées. Et à ce titre aussi, les dispositifs d’accompagnement mis en place pendant le confinement, ont aussi permis d’avoir du temps pour travailler sur la durée avec les personnes en situation de grande précarité qui, pour certaines d’entre elles, sont sur la voie de la réinsertion.

Cela grâce au travail et à la mobilisation de toutes les associations qui ont coordonné leurs actions, non seulement pour héberger les résidents, mais aussi les nourrir, les habiller – le lavage du linge est un vrai problème quand les laveries sont fermées –, les orienter et les accompagner dans leurs démarches pour l’obtention d’un logement ou de leurs droits sociaux.

« Tout le monde a œuvré dans le même sens, il faut saluer le travail remarquable réalisé pendant cette période très particulière aussi pour l’accueil des plus précaires qui a vraiment mobilisé toutes les énergies… » se félicite Xavier Gabillaud. Au service des publics en grande précarité, comme dans les autres secteurs de la société, l’engagement a été de mise – l’État a débloqué une enveloppe supplémentaire d’1 M€ sur la période –
et personne n’a été oublié pendant la crise sanitaire. Après ? Ce sera une autre affaire…

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