Un peu plus d’une vingtaine de personnes étaient réunies devant le Palais de Justice, ce lundi, en soutien aux deux colleurs d’affiches anti-glyphosate qui s’apprêtaient à être entendus par le Tribunal. Petit rappel des faits : en 2018, des affiches anti-glyphosate avaient été posées sur les volets de la permanence de la députée LR Marianne Dubois à Pithiviers. Une manière d’interpeller l’élue, comme les militants l’avaient fait avec d’autres députés loirétains. En première instance, Claude Lipmann et François Coulmeau, les deux colleurs d’affiches avaient été relaxés au pénal, mais avaient dû indemniser la députée de près de 900 € au civil. Sauf que le procureur de la République avait fait appel de la première décision, prononcée en 2019.

« Glyphosate d’or »…

En préambule, lundi dernier, la présidente du Tribunal judiciaire d’Orléans a averti que « l’audience ne serait pas une tribune. La cour statuera en termes de droit. » Puis les deux colleurs d’affiches ont rappelé la genèse de leur action. « À l’époque, on parlait de l’interdiction du glyphosate, produit potentiellement cancérogène, ont expliqué à la barre les deux retraités, qui bénéficient d’un casier vierge. Certains de nos députés n’ont pas voté, nous avons voulu les interpeller. » « Mais pourquoi ne pas l’avoir fait par affichage public ou par un autre moyen qui n’eut pas été qualifié de dégradation ?, s’est interrogée la présidente. Vous auriez pu aussi entrer en contact avec un journaliste ! » « Une copie réduite des affiches avait déjà été diffusée et cela ne les (députés, ndlr) avait pas motivés… », a répondu François Coulmeau, également faucheur volontaire d’OGM. « Nous avons déjà tout fait cela au niveau national », a précisé pour sa part Claude Lipmann. « Et si Madame Dubois avait voté contre l’interdiction ? », a demandé la présidente. « Monsieur Door a voté contre, et il lui a été remis un Glyphosate d’or ! », ont rétorqué les militants…

Leur avocat a rappelé que ses deux clients avaient fait partie de la campagne des « pisseurs involontaires », ces tests qui relevaient la présence de glyphosate dans les urines. Un « spécialiste des pesticides depuis trente ans » est également venu témoigner de la dangerosité du glyphosate. « Toutes les terres sont contaminées, l’eau est contaminée dans tous les pays du monde. Le glyphosate est même présent dans les cellules des animaux !, a tonné cet « expert ». Dans le contexte aussi vital que la protection de notre environnement et de notre santé, les citoyens veulent faire savoir que leurs représentants n’ont pas été à la hauteur de la tâche pour laquelle ils ont été élus ! »

Une décision « historique » ?

Lors de l’audience, le droit et ses nuances ont ensuite été au cœur des réquisitions du Parquet, qui a estimé que l’état de nécessité ne pouvait être retenu. « Je ne nie pas le danger, mais il n’était pas imminent, a expliqué le Ministère public. Le danger n’est pas urgent, il est dans l’avenir. Il y avait d’autres possibilités d’alerter. » Pour l’avocat général, « l’infraction » de dégradations en réunion pouvait cependant être requalifiée en dégradations légères. Au final, une amende de 300 € avec sursis a été requise, tandis que la défense a soutenu de nouveau la relaxe, rappelant la première reconnaissance de l’état de nécessité prononcée par le Tribunal correctionnel d’Orléans en 2005 pour les faucheurs volontaires d’OGM. Elle a ainsi appelé la cour à prononcer une décision « historique ». « Claude Lipmann et François Coulmeau sont des gens tranquilles, sans passé pénal. Ils travaillent dans le but de faire changer la loi ! », a rappelé l’avocat. Le délibéré est attendu le 29 juin, à 13h30.

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